François Hollande s’est donné des faux airs de Kennedy lundi lors de son déplacement à Berlin. Mais en lieu et place du célèbre "Ich bin ein Berliner", lancé en 1963 par l’ancien président américain, le candidat socialiste à la présidentielle de 2012, qui rendait visite aux socio-démocrates allemands du SPD, a lancé "Wir gewinnen zusammen" ("nous allons gagner ensemble") à ses camarades d’outre-Rhin.
François Hollande manie la langue de Goethe :
Car comme le Parti socialiste français, le SPD espère bien faire connaître l’alternance à l’Allemagne. Mais il lui faudra être plus patient. Alors que l’élection présidentielle a lieu au printemps 2012 en France, les législatives se tiendront en septembre 2013 en Allemagne.
"Un fédéralisme de projets"
"Si nous réussissons à l'emporter dans nos pays respectifs, c'est le coeur de l'Europe qui va s'en trouver modifié", a lancé François Hollande, soucieux de montrer l’exemple à ses "amis" du SPD. "Je ferai tout pour poser le premier acte en attentant que vous ne posiez le second", a-t-il lancé. "Das schaffen wir gemeinsam, Deutschland und Frankreich. ("Nous allons réussir ensemble, l'Allemagne et la France. Nous allons gagner ensemble)", a-t-il conclu dans la langue de Goethe, déclenchant les applaudissements de l’auditoire.
François Hollande a aussi plaidé pour un "équilibre" dans les relations franco-allemandes, alors que Berlin semble être en position de force dans sa relation avec Paris actuellement. Il a aussi critiqué la gestion de la crise de l'euro par le couple Sarkozy-Merkel, qui se rencontre lundi à Paris pour tenter de trouver une réponse à la crise de la zone euro. "L'Europe ne peut se réduire à une organisation de l'austérité alors que le chômage progresse et que la récession menace", a aussi prévenu le député de Corrèze. L'ex-patron du PS français a rêvé devant le "parti-frère" d'un "fédéralisme de projets" pour l'Europe et d'un nouveau traité franco-allemand cinquante ans après le traité de Paris de janvier 1963.
"Des avertissements qui n’est pas germanophobe"
François Hollande a aussi balayé la polémique sur un retour de la "germanophobie" en France, en citant devant des journalistes l'ex-chancelier social-démocrate Helmut Schmidt, 92 ans, qui a mis ses compatriotes en garde contre toute ambition de diriger l'Europe seuls. "Attention aux risques d'isolement de l'Allemagne", a prévenu dimanche cette figure très respectée en Allemagne. "Ce sont des avertissements qui ne sont pas germanophobes mais au contraire d'une très grande lucidité," a-t-il commenté. "Nous ne pourrons pas laisser les Allemands seuls s'ériger en sages, parfois en juges".
Devant les possibles candidats au poste de chancelier en 2013 (Sigmar Gabriel, Peer Steinbrück, Frank-Walter Steinmeier), le candidat PS s’est aussi attaché à ménager ses futurs alliés potentiels, en se montrant d'une grande prudence sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) dans la crise, conscient que son indépendance est un dogme en Allemagne. "Je respecte son indépendance. Je la voudrais plus attentive à la situation de notre économie réelle. Je souhaite qu'elle puisse élargir son rôle de prêteur et intervenir de façon mesurée contre la spéculation dans le cadre de ses statuts actuels", a-t-il dit.