Hollande à Florange : les métallos l'attendent de pied ferme

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et Julien Pearce , modifié à
Le chef de l’Etat doit se rendre jeudi sur le site lorrain, où le ressentiment à son égard est grand.

François Hollande de retour à Florange, c’est pour bientôt. Comme Europe 1 le révélait il y a une dizaine de jours, le chef de l’Etat va se rendre, jeudi prochain, sur le site sidérurgiste lorrain, un déplacement aussi sensible que symbolique. Sensible, car pendant la campagne présidentielle, le candidat Hollande avait suscité l’espoir en promettant de sauver l’usine. Mais une fois arrivé au pouvoir, le président Hollande n’a pu empêcher la fermeture des hauts fourneaux, effective depuis avril 2013. Du coup, le chef de l’Etat est plus attendu de pied ferme qu’à bras ouverts.

"Qu’est-ce qu’il vient faire à Florange ?" Sur place, les syndicats balancent ainsi entre colère et amertume. "On ne va pas le recevoir les bras ouverts, ça c’est clair. Franchement, qu’est-ce qu’il vient faire à Florange ?", s’interroge ainsi Walter Broccoli, délégué FO d'Arcelor Mittal à Florange, interrogé par Europe 1. "L’usine est arrêtée, on a perdu nos emplois. Il peut venir raconter ce qu’il veut, mais pour Florange, c’est perdu. On a fermé notre usine, on a perdu notre outil de travail. On n’a rien gagné à Florange", poursuit le syndicaliste, qui n’a pas oublié les promesses présidentielles. "Quelque part, il avait la possibilité de sauver notre usine, il ne l’a pas fait, donc quelque part, il est responsables", tranche Walter Broccoli.

"On n’est pas dupes". Et la proximité des élections municipales, en mars 2014, nourrit la suspicion sur les motivations réelles de ce déplacement. "On n’est pas dupes non plus, on sait très bien qu’il a besoin de récupérer des voix d’ouvriers pour les prochaines élections", juge le syndicaliste. "Venir nous draguer pour récupérer quelques voix, c’est sûr qu’on a un petit ressentiment. Moi, si j’étais en face, je lui dirai : ‘ne venez pas à Florange, on ne veut plus vous voir à Florange’. Il n’a rien fait pour nous, alors qu’il évite de venir chez nous. Parce que chez nous, c’est un échec du gouvernement de François Hollande."

Un déplacement "qui n’effacera pas l’affront". Pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, le déplacement de François Hollande à Florange est bel et bien à risques. "Il prend un risque en ce sens où il avait pris des engagements pendant la campagne et in fine même si, sur le plan social il y a eu des négociations, il y a une grosse déception puisque les hauts-fourneaux ont fermé", a explicité le leader de Force ouvrière dimanche lors d'une émission RMC-BFM TV-LePoint. Le président "va, si j'ai bien compris, rencontrer les délégués syndicaux donc il rencontrera aussi les délégués syndiqués FO. Il va devoir entendre, je pense, certaines formules", a-t-il prévenu. "Il peut discuter avec eux mais il n'effacera pas l'affront que les salariés de Florange ont ressenti", a conclu Jean-Claude Mailly.