C'est une tradition présidentielle. François Hollande est arrivé peu avant 7 heures du matin à la porte de Versailles, à Paris, où se tient le salon de l'Agriculture. Le président de la République a commencé sa tournée par la vache star de cette édition, avant un passage devant les producteurs laitiers, en pleine traite. François Hollande était accompagné du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, et de son homologue des affaires étrangères, Laurent Fabius.
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Honneur aux vaches. Comme le veut la tradition, le président a commencé par le hall des éleveurs où il a déambulé deux heures avant un petit-déjeuner avec les professionnels du secteur. Première étape de la visite présidentielle : une rencontre avec Dominique Macke, propriétaire de Filouse, une Rouge Flamande de 4 ans devenue l'égérie de ce salon. "On a transmis la passion à nos enfants. Dans la nouvelle PAC, peut-on s'intéresser à nos races locales ? Nos racines ont droit de continuer a vivre ?", s'est interrogé l'agriculteur. Et François Hollande de répondre : "la PAC non seulement n'empêchera rien mais valorisera ces produits".
Pierre Vaugarny, secrétaire général de la Fédération nationale bovine, a, lui, interpellé Hollande sur les problèmes d'accès au crédit, et sur l'excès de normes, qui étranglent les agriculteurs. "On a l'impression que sur le terrain, plus on nous annonce de la simplification, plus le sac-à-dos se charge", a-t-il affirmé, avant d'ajouter : "les contrôles sont indispensable mais ces contrôles qui se succèdent, ce n'est pas acceptable". L'Etat va agir "rapidement", a promis François Hollande.
A boire et à manger. Une visite présidentielle au salon de l'Agriculture, c'est aussi un marathon culinaire. François Hollande a donc enchaîné les dégustations. Il a commencé par une bouchée de fromage, avant de s'attarder sur le stand Aquitaine, où il a goûté du jambon cru. En bon corrézien d'adoption et amateur de viande, le président a écrit sur le livre d'or de la Fédération des bouchers: "A tous les bouchers qui nous donnent conseils, plaisir et fierté".
Sécurité renforcée pour cette édition. Entouré d'une nuée de journalistes et de perches, la sécurité était renforcée cette année autour du président face au risque d'attentats, avec un plan Vigiparate à son paroxysme. Signe que la sécurité était sur les dents, le porte-parole de la Confédération paysanne, syndicat agricole minoritaire, a été violemment expulsé de la délégation. "Il a été victime d'une confusion, il n'y a aucun souci", a déclaré François Hollande. Laurent Pinatel, un peu secoué, a, lui, estimé qu'il avait été traité ainsi parce qu'"on a parlé hier des fermes intensives. Visiblement ce discours là dérange". La Confédération paysanne a publié vendredi une carte démontrant qu'il existait 24 projets de "fermes usines" et 5 structures effectives.
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Hollande appelle la majorité à la "responsabilité". A la sortie du salon de l’Agriculture, où il a passé toute la matinée, et quelques jours après l’utilisation par le gouvernement du 49-3, le président a appelé la majorité gouvernementale à la "responsabilité" et à la "lucidité", mettant en garde contre un risque de "défiance" "si les parlementaires ne font pas ce que veut le pays". "Il faut entendre ce que demandent les Français. Qu'est-ce qu'ils demandent ? Que le pays change, que le pays réussisse. Il faut, quand on est dans l'opposition, en avoir conscience et quand on est dans la majorité, en avoir la responsabilité, la lucidité", a-t-il déclaré.
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L'agriculture sommée d’accélérer sa transition écologique. La France accueillant à la fin de l'année la conférence internationale sur le climat, cette édition du salon de l'Agriculture est placée sous le signe de l'environnement. Problème : le modèle français prend la route d'une industrialisation toujours plus intensive. Ce salon de l'Agriculture doit donc permettre de valoriser les bonnes pratiques conciliant rendement et préservation des ressources naturelles, même si l'Etat a plusieurs fois été rappelé à l'ordre pour ne pas faire respecter plusieurs normes environnementales.
Invité d’Europe 1, l'ancien ministre de l'Agriculture Michel Barnier estime pourtant que l'agriculture français est sur la bonne voie : "je pense que les premiers écologistes sont les paysans. Je l’avais dit lorsque j’étais ministre de l’environnement, je l’ai redit lorsque j’étais ministre de l’Agriculture, je le pense toujours", a-t-il souligné.
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