La phrase. Après la cacophonie gouvernementale, l'enterrement en catimini ? Lors de son intervention télévisée, jeudi soir, François Hollande a évoqué un sujet qui empoisonne le gouvernement depuis des mois : l'ouverture de la procréation médicale assistée aux couples de femmes homosexuelles. Après avoir rappelé que la PMA "n'était pas dans le texte" sur le mariage pour tous, le président s'en est remis au Comité consultatif national d'éthique (CCNE) qui doit remettre un avis au gouvernement, d'ici l'automne. "Je respecterai ce que dira le comité national d’éthique" a assuré le président, laissant ainsi entendre que cet avis était contraignant juridiquement. En fonction de la réponse du comité, la PMA serait alors intégrée à la loi famille.
Un comité "consultatif". Pourtant, comme son nom l'indique, le CENE est bien "consultatif". La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem l'avait d'ailleurs rappelé, le 6 février. "La décision du comité ne contraindra "aucunement" le gouvernement". Par le passé, "certains" avis "ont été suivis, d'autres pas", avait-t-elle ajouté, estimant que cet avis avait seulement vocation à "éclairer le débat".
Que cherche Hollande ? En liant sa décision à celle du comité d'éthique, le président se ménage une porte de sortie. D'autant plus que le Comité consultatif national d'éthique s'est toujours opposé à l'ouverture de la PMA pour les couples homosexuels. Ainsi, en 2005, les experts interrogés se prononçaient contre. "La PMA a toujours été destinée à résoudre un problème de stérilité d'origine médicale et non à venir en aide à une préférence sexuelle ou à un choix de vie sexuelle"(…) "L'ouverture de la PMA à l'homoparentalité ou aux personnes seules ouvrirait de fait ce recours à toute personne qui en exprimerait le désir et constituerait peut-être alors un excès de l'intérêt individuel sur l'intérêt collectif", peut-on lire dans un avis rendu en novembre 2005.
Boutin et Mariton ont leur avis... "François Hollande se cache derrière un comité d'experts. C'est une façon pour lui de ne pas prendre la responsabilité politique et de ne pas assumer qu'il a peut-être changé d'avis sur la question de la PMA", estime la présidente du Parti chrétien-démocrate Christine Boutin, contactée par Europe1.fr. Le député UMP de la Drôme Hervé Mariton, par ailleurs membre de l'Entente parlementaire sur la famille, fustige, lui, "la lâcheté de François Hollande" sur le sujet. "Il veut bien reculer mais ne veut pas le reconnaître", estime le parlementaire,contacté par Europe1.fr. "Evidemment, je suis satisfait que le président prenne le chemin de renoncer à la PMA", confie Hervé Mariton. Pour autant, le député UMP déplore la méthode employée par le président, qu'il juge "assez pitoyable".
…SOS Homophobie aussi. Comme Hervé Mariton ou Christine Boutin, l’association estime que se ranger derrière le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) revient à abandonner la PMA, et elle "regrette un tel renoncement." Dans un communiqué diffusé vendredi, SOS Homophobie rappelle par ailleurs que durant la campagne électorale, elle s’était directement adressée au candidat Hollande. A la question "instaurerez-vous l'égalité des droits dans l'accès à la parentalité pour toutes et tous ?", celui qui allait devenir président quelques semaines plus tard répondait : "une femme doit pouvoir recourir à l’assistance médicale à la procréation, soit parce qu'elle ne peut pas avoir d'enfant, soit parce qu'elle ne souhaite pas avoir une relation avec un homme. Je suis donc favorable à l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation aux couples de femmes."