C’est presque secret défense. Jeudi, en fin de matinée, François Hollande présente son programme présidentiel à la Maison des Métallos, à Paris. Une étape très attendue, tant par les adversaires que par les partisans du candidat socialiste. Mercredi matin, son équipe rapprochée, composée d'une dizaine de personnes, a eu le fameux programme entre les mains, lors d’une réunion de stratégie. Mais les participants ont dû rendre la douzaine de pages à la fin de la réunion.
La laïcité constitutionnalisée
Tout juste sait-on que le programme du candidat PS, qu’il a baptisé "plate-forme", sera présenté en quatre chapitres, quatre priorités déclinées dimanche dernier lors de son grand discours du Bourget : le redressement, la justice et l’équité, la jeunesse et la République. Le tout teindra en 60 propositions, toutes rédigées en quelques lignes maximum. Il est un sujet à part : la laïcité. François Hollande a parlé de constitutionnaliser la loi de 1905. Selon les informations d’Europe 1, le verbatim du potentiel nouvel article de constitution figure tel quel dans le texte programmatif.
La plupart des autres propositions sont déjà connues car elles ont été développées lors de déplacements, meetings, émissions ou interventions médiatiques, selon l'entourage du candidat. Dimanche dernier au Bourget, François Hollande avait ainsi créé la surprise en annonçant des mesures très précises. Il a ainsi proposé le doublement du plafond du Livret A pour financer davantage de logements sociaux, la hausse des sanctions pour les communes qui bafouent la loi de solidarité urbaine, la création de "zones de sécurité prioritaires", l'élaboration d'un nouveau traité franco-allemand...
François Hollande devrait aussi préciser ses propositions sur la révision du quotient familial, sur la création d'une Banque publique d'investissement pour l'industrie ou encore sur la réforme de la fiscalité des sociétés. Il devrait annoncer aussi que le nombre de fonctionnaires n'augmentera pas, mais sur la règle du non remplacement d'un agent sur deux partant à la retraite sera révisée. Un redéploiement permettra d'affecter 60.000 emplois supplémentaires à l'Education nationale.
Le projet devrait finaliser la création de 150.000 "emplois d'avenir" à destination des jeunes, pour un coût évalué à 1,5 milliard par année pleine, et comprendre une mesure sur le départ à la retraite à 60 ans de ceux ayant commencé à travailler à 18 ans et suffisamment cotisé depuis. La décision pourrait être prise sans attendre, par décret.
A la télé dès jeudi soir
Toutes ces mesures seront rendues possibles par une grande réforme fiscale, pivot du projet de François Hollande. Enfin, le candidat a choisi, pour chiffrer son programme, de se baser sur des hypothèses de croissance sur tout le quinquennat : 0,5% en 2012, 2% en 2017. Et rigueur oblige, moitié de recettes affectés à la réduction des déficits.
L'enjeu est de taille pour François Hollande. Après avoir réussi dimanche, de l’avis de la plupart des observateurs, à démontrer qu'il pouvait endosser le costume présidentiel, il doit maintenant convaincre que son projet est crédible. Car l'UMP l'attend au tournant. Ces deux derniers mois, plusieurs couacs sur certaines de ses mesures (nucléaire, retraite, quotient familial, postes dans l'Education), lui ont donné des armes pour critiquer le flou supposé de son programme.
François Hollande défendra son programme dès jeudi soir, dans le cadre de l'émission de France 2, "Des paroles et des actes", où il débattra avec le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.