Si François Hollande a choisi de débuter son opération "48h banlieues" vendredi matin à Vaulx-en-Velin, cela ne doit rien au hasard. C’est en effet dans cette banlieue difficile de Lyon qu’eurent lieu, en septembre 1979, les premières émeutes urbaines en France, au quartier de la Grappinière. Et en 1990, les cités se sont à nouveau embrasées, cette fois à partir du Mas du Taureau, là même où le candidat socialiste s’est rendu.
Dans l’imaginaire populaire, Vaulx-en-Velin est donc devenu le symbole des émeutes urbaines. "J'ai voulu commencer ces 48 heures à Vaulx-en Velin où se sont produits un certain nombre de drames", a d'ailleurs souligné le candidat. Pour François Hollande, le symbole est donc très fort. Un tweet du candidat socialiste, le confirme. "Désormais, nous parlerons de Vaulx-en-Velin pour sa réussite!", écrit-il sur le site de microblogging.
Trente-et-un ans après cette première flambée de violences, le problème des quartiers difficiles est devenu l’une des questions les plus sensibles de la société française. Et l’électorat, dans ces territoires, se caractérise par une forte abstention d’une part (49,2% aux municipales de 2008, contre 35,5 au niveau national), par un vote traditionnel et massif pour la gauche d’autre part. Deux bonnes raisons pour François Hollande de s’intéresser à la population des banlieues sensibles."Je veux dire à cet électorat populaire qui s'est découragé, démotivé, tant il a supporté les conséquences d'une politique injuste et douloureuse, que le moment du vote est essentiel et que chacun doit être conscient de sa responsabilité. J'ai confiance en cet électorat", a lancé François Hollande.
Après Vaulx-en-Velin, le candidat socialiste se rendra ainsi à Creil, dans l’Oise. Puis samedi viendra le temps des banlieues franciliennes. Aulnay-sous-Bois, Clichy-sous-Bois, Aubervilliers et Les Ulis recevront ainsi la visite du favori des sondages. Ce dernier devrait y répéter les mesures qu’il a annoncées le 16 mars à Marseille, à savoir notamment la création d’un ministère de l’Egalité territoriale, d’une banque d’investissement pour les quartiers sensibles, et des dispositions à destination des jeunes et des plus démunis.
Le précédent Royal
Parallèlement à ces "48 heures banlieues", le PS a lancé mercredi sur Internet l’appel du Printemps des territoires. "Pour qu'il y ait une mobilisation citoyenne, associative, et des acteurs de la politique de la ville à un soutien aux propositions de François Hollande", a expliqué Thierry Repentin, responsable du pôle habitat et politique de la ville dans l'équipe de campagne du PS. "On a le sentiment que l'Etat s'est retiré d'une volonté d'intervenir auprès des populations les plus fragiles, or la France de demain se prépare aussi majoritairement dans ces quartiers", a-t-il ajouté.
François Hollande a également fait appel depuis le début du mois de mars à Ségolène Royal qui, depuis sa campagne présidentielle de 2007, bénéficie d’une grande popularité dans les banlieues sensibles. Il y a cinq ans, la candidate socialiste avait recueilli 41% des suffrages exprimés dans les quartiers difficiles. Mais le candidat PS se garde de toute présomption. "Ce n'est pas parce qu'il y a des jeunes, des quartiers populaires que ça va faire des votes en ma direction",
Malgré ses efforts, François Hollande aura sans doute du mal à réaliser une telle performance. D’abord parce qu’en 2007, la participation avait été exceptionnelle, avec près de 80% de votants. Ensuite parce que le discours de Nicolas Sarkozy trouve un certain écho dans les quartiers difficiles. Le président sortant avait ainsi sensiblement augmenté son score auprès de cette population par rapport à Jacques Chirac (24,1% des voix au premier tour en 2007 pour le président sortant, contre 19,3% à son prédécesseur en 2002). François Hollande a donc tout intérêt à se démener pour garder son leadership.