Le discours. Réduction de moitié de la consommation d'énergie d'ici à 2050, TVA allégée sur l'isolation thermique, réduction du poids du nucléaire, création d'une contribution-climat énergie… François Hollande a planté vendredi les premières graines de la transition énergétique, terreau d'une future "nation de l'excellence environnementale", selon l'expression du président de la République. A l'ouverture de la deuxième conférence environnementale, le chef de l'Etat a multiplié les annonces et les promesses. Et les écologistes, jusque là très sceptiques, ont apprécié cette main tendue (et verte).
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Le calme... Pascal Durand, le secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts s'est ainsi réjoui sur BFMTV d'une "bonne nouvelle, une très bonne nouvelle" : "le président a mis la priorité sur la transition énergétique." "Evidemment, on ne va pas bouder notre plaisir", renchérissait-il encore. "Incontestablement cela va dans le bon sens" et ce "très nettement, on n'a pas basculé dans le renoncement ou la reculade ", s'est également félicité François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée. Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écologistes, a lui aussi salué des "perspectives positives". "On sait maintenant quel est le cap", trompetait également Cécile Duflot, la ministre écologiste du Logement, après le discours. Même son de cloche du côté de l'eurodéputé Yannick Jadot et du député Denis Baupin, cités par Le Parisien.
Après la tempête…Il y a six jours exactement, Pascal Durand imposait pourtant un ultimatum au président. "Est-ce que ce gouvernement veut oui ou non de l'écologie à ses côtés ?", avait demandé le patron d'EELV, donnant justement "six jours" à François Hollande, "pour dire ce que va vraiment être la transition énergétique". Sinon ? "J'en tirerai les conséquences à titre personnel et je demanderai au mouvement d'en tirer : je ne serai pas le secrétaire national du renoncement écologique", prévenait-il en grande pompe.
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"Je n'y crois pas une seconde". Moins d'une semaine plus tard, tous les écologistes semblent donc s'être laissés envouter par le chef de l’État ? Tous ? Non, car quelques petites voix dubitatives résistent encore et toujours. "Ça n'épuise pas les débats", a ainsi prévenu Jean-Vincent Placé, demandant des précisions sur "le contenu de la transition énergétique". Et sur l'objectif de faire passer la part du nucléaire, "comment faire sans fermer d'autres centrales nucléaires" que celle de Fessenheim ? a-t-il encore interrogé. "On n'a pas entendu tout ce qu'on aurait voulu entendre", nuance également Yannick Jadot. Mais le plus virulent à EELV a sans conteste été Noël Mamère. "Le président de la République a voulu donner des gages aux écologistes pour qu’ils puissent dire 'nous restons au gouvernement et nous votons le budget'. Pour moi, ces gages ne sont pas suffisants", a-t-il dénoncé. Et d'enchaîner : "les propositions qui sont faites restent dans un flou assez accablant. Il me semble difficile de croire que le président de la République a pratiqué sa conversion écologique. Je n’y crois pas une seconde."
De mauvais souvenirs. Tous craignent en tout cas la même chose : que l'histoire se répète. La première conférence environnementale du quinquennat Hollande avait aboutie à une promesse : celle de la présentation d'une loi sur la transition énergétique à l'automne. Cette présentation sera finalement repoussée à fin 2014. Si elle n'est pas oubliée d'ici là. Car tous les écologistes ont encore aussi en souvenir l'ancêtre de la conférence environnementale : le fameux Grenelle de l'environnement (septembre 2007), orchestré par Nicolas Sarkozy, trois ans avant son tout aussi fameux "l’environnement ça commence à bien faire".