Deux ministres d’ouverture, une flopée de Villepinistes et même un ancien président de la République. A quatre jours du premier tour de la présidentielle, le vote François Hollande est devenu une option à droite pour tous les déçus du Sarkozysme.
• Les ministres de l’ouverture
Au nombre des derniers ralliements figure celui de Fadela Amara, pour qui le candidat socialiste est opportunément devenu l’homme "le plus intelligent à gauche". Dans une interview à Libération, l’ex-secrétaire d’Etat de la Politique de la ville de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2010 a ainsi annoncé qu'elle allait "voter pour François Hollande", "un ami". Deux jours avant elle, Martin Hirsch, lui-aussi symbole de l’ouverture voulue en 2007 par Nicolas Sarkozy avait annoncé dans les colonnes du journal Le Monde son intention de voter pour le PS, assurant même être régulièrement consulté, depuis un an, par François Hollande.
D’autres ex-ministres de droite ont également annoncé publiquement qu'ils voteraient pour François Hollande, contre Nicolas Sarkozy. Parmi eux, trois ex-ministres de Jacques Chirac, Corinne Lepage, Jean-Jacques Aillagon et Brigitte Girardin.
• Les Villepinistes
Cette dernière, ex-ministre de l'Outre-mer et proche de Dominique de Villepin, a assuré qu’elle voterait Hollande "dès le premier tour", pour "mettre fin à une politique qui, pendant cinq ans, a affaibli notre pays". Dans la foulée, plusieurs Villepinistes, dont Azouz Begag, ancien membre du gouvernement de Villepin se sont déclarés, via le site Twitter, en faveur du candidat socialiste.
Je ne suis pas socialiste, j'ai voté Hollande aux Primaires. Je voterai Utile-Hollande dimanche, le seul capable de battre Sarkozy le 6 mai.— Azouz Begag (@AzouzBegag) April 17, 2012
• Le clan Chirac
Enfin, du côté de l’ancien président Jacques Chirac, le vote Hollande est de moins en moins un "trait d’humour corrézien". "Cela n'avait rien d'une plaisanterie", insiste l'historien Jean-Luc Barré, co-auteur des "Mémoires" de l'ancien président (1995-2007). "Il y a une dizaine de jours quand je l'ai vu, il m'a dit qu'il voterait François Hollande", assure-t-il.
L’ex-conseiller de Jacques Chirac, Hugues Renson a, en tous cas, fait le déplacement à Vincennes, tout comme l'ancien judoka Thierry Rey, père de l'unique petit-fils de l’ancien président. A l'arrivée, seule Bernadette Chirac a apporté son soutien public à Nicolas Sarkozy, avec, bien sûr, les Chiraquiens jouant encore un rôle de premier plan : Jean-François Copé, François Baroin, Christian Jacob.
• Des trahisons pour la droite
"L'éthique gouvernementale ne devrait-elle pas imposer un devoir de fidélité, ou de réserve, vis-à-vis du Président sous lequel on a servi ?", s’est pour sa part interrogé l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin sur Twitter, agacé par ces ralliements, notamment ceux de dernière minute. "On ne peut pas bâtir l'avenir d'un pays avec des gens qui sont un moment ici et un moment là", a raillé pour sa part le candidat MoDem François Bayrou.
L'éthique gouvernementale ne devrait-elle pas imposer un devoir de fidélité, ou de réserve, vis-à-vis du Président sous lequel on a servi ?— Jean-Pierre Raffarin (@jpraffarin) April 17, 2012
"Begag, Girardin, Amara, Hirsch, Lepage: combien de trahisons? Combien de divisions? Ils ne représentent qu'eux-mêmes", a renchéri le député UMP Jean Leonetti, tandis que l’ex-ministre Chantal Jouanno fustigeait : "la politique ne peut se résumer à une quête de poste".