Alors que les enseignants ont traditionnellement le coeur plutôt à gauche, ils lorgnent désormais le centre, en attendant que François Hollande détaille encore ses propositions pour l'Education nationale. Pour le moment, le candidat socialiste a promis la création de 60.000 postes, qui concerneront "tous les personnels de l'Education". Jeudi, il prononcera à Orléans un discours sur "l'école et la Nation".
"Quel est le coût de l'ignorance ?"
Déjà mercredi, Ségolène Royal a défendu la vision de François Hollande. "Il y a [dans le programme du candidat PS] un renforcement de la priorité à l'éducation, notamment dans les quartiers sensibles, où il y a un potentiel et un très bon niveau. Il faut repérer ces potentiels et donner aux élèves l'envie d'être ambitieux", a-t-elle déclaré lors d’un déplacement à Marseille. "On nous parle du coût de l'éducation mais quel est le coût de l'ignorance", a-t-elle lancé.
Pour le moment, la seule annonce faite par François Hollande laisse toutefois un peu un goût d'inachevé aux enseignants. D'autant que les modalités de la création des 60.000 postes ne sont pas claires et ont même provoqué un certain imbroglio au sein de l'équipe de campagne du candidat. "Pourquoi a-t-il fait cette annonce avant le discours qu'il doit prononcer [jeudi] ? Qu'est-ce que cela apporte ? Je trouve que ça fait même brouillon", regrette Nicolas, un professeur d'histoire-géographie. "Ce qui m'intéresse, c'est d'abord une vision et ensuite les moyens au service de cette vision. Mais qu'elle est sa vision ? Je ne sais même pas où il se situe", ajoute-t-il sur Europe 1.
"Quand François Bayrou parle d'école, il sait de quoi il parle"
Pour le moment, le candidat à la présidentielle qui a le plus la cote parmi les enseignants est plutôt François Bayrou. L'ancien professeur, agrégé de lettres classiques, a prononcé samedi un long discours sur l'éducation.
"Il y a quelque chose de frappant quand on entend François Bayrou parler d'école, c'est tout bête, mais il sait de quoi il parle", reconnaît Eric, un autre enseignant. "Je suis partagé entre mes intérêts corporatistes, qui me feraient voter François Bayrou, et mon appartenance politique, qui me ferait voter François Hollande", ajoute-t-il.