Angleterre hostile. Ils auront cinq heures chrono à passer ensemble, pour leur tout premier sommet bilatéral. François Hollande et David Cameron, le Premier ministre conservateur anglais, se réunissent vendredi sur une base aérienne proche d'Oxford, en Angleterre. Et les deux hommes devraient principalement parler de sujets sur lesquels il y a "accord profond", pour reprendre les termes de l’Élysée. Au menu notamment : Défense, Syrie, Iran et Afrique.
Car sur beaucoup d'autres sujets, ce sont les désaccords qui sont "profonds" entre François Hollande et les Anglais. Leurs relations se sont notamment dégradées, rappelez-vous, lorsque David Cameron s'était dit prêt à accueillir les riches Français tentés par l'évasion fiscale. Et depuis quelques mois, les critiques outre-Manche sur François Hollande se sont carrément multipliées, notamment dans la presse de droite. Si d'autres pays, comme les États-Unis, sont adeptes du "french-bashing" (la critique des français), les médias britanniques sont peut-être les plus virulents avec le président français lui-même. Vous ne vous en êtes pas rendus compte ? Europe1.fr revient sur les derniers titres les plus "Hollande bashing".
La "tragédie" socialiste. En économie d'abord, la crème journalistique anglaise s'est tout bonnement déchaînée sur "the socialist président". Dernière salve en date, celle du quotidien économique City AM, le 7 janvier. "L'échec de l'expérience socialiste en France vire à la tragédie", titrait ainsi un édito du journaliste Allister Heath, ce qui lui a valu une vive condamnation de l'ambassade de France.
I criticised France http://t.co/tlaQi49Unm and now the French embassy has penned a 10-point reply http://t.co/reY3qJabXF I remain unswayed!— Allister Heath (@AllisterHeath) 13 Janvier 2014
Un "Fance's Malaise". Une semaine plus tôt, dans le Times, David Cameron lui-même dénonçait des "politiques inspirées des travaillistes" aux "effets désastreuses". Si Cameron ne citait pas directement son homologue français, le quotidien britannique, lui, y voyait clairement une "pique au traitement de l'économie par le président Hollande". Quotidien britannique qui, deux mois plus tôt, dénonçait déjà un "France's malaise". "L'administration Hollande a titubé de la controverse à la crise", lâchait alors un édito du journal.
Un fonds de commerce pour The Economist. L'hebdomadaire londonien est peut-être, dans le monde, le quotidien le plus piquant envers François Hollande. Le "Charlie Hebdo de la city" (dixit Arnaud Montebourg) a encore frappé le 10 janvier dernier. The Economist publiait ainsi un lexique satirique de la langue politique française, intitulé "Lost in Translation : un glossaire du nouveau double langage français", raillant les promesses non tenues de l'exécutif actuel. C'est le même hebdomadaire qui qualifiait déjà, en 2012, la France de "bombe à retardement" et François Hollande d'homme "plutôt dangereux".
"On s'en fout!" Mais il n'y pas que l'économie tricolore qui fait la joie des éditorialistes anglais. "Il faut être franc, le pacte de responsabilité, tout ça, on s’en fout, franchement. Qu’est-ce que Trierweiler va faire ? Qui va être la Première dame ? C’est ça qui intrigue les Anglais", reconnaissait ainsi Hugh Schofield, correspondant de la BBC, le 13 janvier dernier. Et les journaux britanniques s'en sont donnés à cœur joie sur la rupture entre François Hollande et Valérie Trierweiler.
"Dieu merci, l'affaire a éclaté. Elle est aussi juteuse qu'un bon coq au vin. François Hollande a repris le rôle de fêtard en chef du G8 laissé vacant depuis le départ de Silvio Berlusconi", se réjouissait ainsi récemment le Daily Telegraph, qui avait également titré : "la Première Dame virée".
"Une énième promesse brisée". Et, dans cette affaire également, l'image du socialiste n'en sort pas grandie. "Même si Valérie Trierweiler est impopulaire, elle va sans doute apparaître comme la victime des infidélités de François Hollande", a ainsi écrit le Times. "Cette aventure menace de saper encore davantage la crédibilité du président dont beaucoup se moquent pour avoir choisi d'aller voir sa maîtresse en scooter", poursuivait le journal conservateur. Et d'asséner : "François Hollande avait promis de ne pas étaler sa vie privée. Une énième promesse de campagne brisée".
Malgré tout, l'Elysée reste de marbre. "On doit le prendre avec sang froid" même si "ça ne signifie pas que ce soit justifié ou agréable", confie un conseiller à l'AFP. Et de conclure : "si nous devions prendre la décision de tenir ou non ce type de sommets en fonction des déclarations de certains, il n'y aurait jamais de sommets, donc il ne faut pas s'arrêter là".
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