Il n'y a pas que l'UMP qui demande des comptes à François Hollande. Pressé sans relâche depuis le début de l'été par l'ancienne majorité sur la Syrie, la sécurité ou encore le coût du travail, le président est maintenant encerclé de tous les côté. "J'espérais mieux, pour les Français, des 100 premiers jours de Hollande", a ainsi taclé mercredi dans Nice Matin le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent. "Le style a changé, la brutalité et l'agressivité d'un Nicolas Sarkozy ont disparu, mais cela ne suffit pas".
Pierre Laurent demande dans les colonnes du quotidien local que les socialistes "s'arment de courage face aux marchés financiers et mènent les réformes sociales pour lesquelles ils ont été élus". Évoquant les plans sociaux de l'été, le communiste argue que "le gouvernement aurait dû agir plus tôt et plus fort" et épingle le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui "a fait beaucoup d'effets d'annonce, mais n'a pas pris de mesures efficaces".
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"Le gouvernement manque d'ambition"
Et ce n'est pas la première pique du leader communiste français. "Le gouvernement est resté les bras croisés devant l'annonce des plans de licenciements, nous avons vu son impuissance face à PSA. Pour la rentrée, j'ai les plus grandes inquiétudes", critiquait-t-il déjà dimanche dans une interview au JDD. "Nous ne sortirons pas de la crise si nous n'y répondons que par l'austérité. Les grandes difficultés sont devant nous et, face à elles, le gouvernement manque de l'ambition nécessaire."
Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, en a remis une couche mercredi dans Le Monde. Interrogé sur les 100 premiers jours de François Hollande, le syndicaliste reconnait "qu'il y a une restauration d'un dialogue normal" mais que celui-ci "ne suffit pas".
"Il faut soutenir la demande interne, instaurer en urgence la banque publique d'investissement car les TPE-PME rencontrent trop de difficultés pour emprunter. Et il faut aussi aller vite, pour empêcher les entreprises de fermer un site qu'elles pourraient revendre", réclame le syndicaliste à François Hollande, qu'il attend au tournant.
Le traité européen ? "Fumisterie !"
Début août, ce sont les écologistes qui avaient déjà pris à partie le président socialiste, au sujet du traité budgétaire européen, qui doit être soumis à ratification par le Parlement fin septembre. Le président du groupe EELV au Sénat et proche de Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé, y voit "un traité extrêmement austère et excessivement rigoureux". "Nous ne souhaitons pas que nos prises de position posent problème avec la majorité socialiste. Mais avec ce traité, nous sommes en dehors de l'accord qui nous lie", commentait également François De Rugy, co-président du groupe écologiste à l'Assemblée, interrogé par le JDD, qui n'exclut pas de voter contre.
Comprenant depuis juin un volet croissance chiffré, ce pacte, qui a désormais le soutien de François Hollande, comporte également l'imposition d'une règle d'or limitant drastiquement l'endettement des États. "Le traité européen soi-disant 'renégocié' par François Hollande va aggraver ce chaos déjà automatiquement grandissant. La vérité c’est qu’il est inapplicable", fustige également mercredi un Jean-Luc Mélenchon tout juste rentré de vacances. "Qui et comment dans une économie déjà en récession va encore atteindre un déficit désormais limité à 0,5 % ? Qui est capable de provoquer un tel choc de contraction de la dépense publique ? Fumisterie !", martèle l'ancien candidat du Front de gauche sur son blog.
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"Ne pas confondre l’action avec l’agitation"
Les écologistes toujours, attendent la rentrée gouvernementale sur l'environnement. François Hollande va notamment être amené à éclaircir sa position toujours floue sur le gaz de schiste, lors de la conférence environnementale des 14 et 15 décembre.
En coulisses, certains députés socialistes regrettaient également fin juillet, à la fin de la session parlementaire, un calendrier de réformes plus "light" que prévu avant l'été, avec une absence de réforme bancaire ou de loi sur le mariage homosexuel.
Le gouvernement, de son côté, temporise, et appelle à juger l'action de l'exécutif sur tout le quinquennat. À l'instar de Manuel Valls, mardi sur France info : "Trois mois, 100 jours, ce n’est rien dans l’action d’un quinquennat. Et puis il ne faut pas confondre l’action de l’Etat avec l’agitation."