Saint-Valentin et journée de l’Europe. Pour François Hollande et Angela Merkel, la journée de l’Europe (vendredi 9 mai) aura des airs de Saint-Valentin. La chancelière allemande a en effet convié son homologue français dans son fief électoral de Stralsund, non loin de la Mer Baltique et de la frontière polonaise. Une marque d’attention qu’elle n’avait jamais accordé auparavant à François Hollande, signe de sa volonté de resserrer les liens trop souvent distendus entre les deux figures du couple franco-allemand.
Rendez-vous galant minutieusement préparé. Comme tout rendez-vous galant, le lieu et le moment des retrouvailles ont été savamment étudiés par Angela Merkel et ses conseillers. Tous les ingrédients pour créer un moment politique fort sont donc réunis. Avec de l’intime : Hollande est convié à Stralsund, fief électoral où seuls George Bush en 2006 et Jean-Claude Juncker en 2012 ont pour l’instant été conviés. Mais aussi du symbole : les deux chefs d’Etat se retrouvent le 9 mai, jour de l’Europe, et ce à deux semaines d’un scrutin où les candidats populistes sont au plus haut dans les sondages. Tout est donc réuni pour que le couple passe d’agréables moments : Stralsund, son architecture gothique, ses plages du bord de la Batltique, son petit port de plaisance et son Eglise Saint Nicolas su 13e siècle, un décor de carte postale pour tenter de réchauffer les relations d'un couple franco-allemand très distant.
Bretzel et croissant, Ukraine et Alstom. Malgré tout, les tourtereaux seront bien vite rappelé à la réalité de ses fonctions politiques. Entre un bretzel et un croissant, le Français et l’Allemande devront s’accorder sur une position commune face à la stratégie d’apparent apaisement jouée par Vladimir Poutine. Ils discuteront également du possible rachat de la branche énergie d’Alstom par Siemens et devront lancer un message fort face à la montée du populisme en Europe à l’approche des élections. "Nécessairement, ils vont se préparer à ces échéances, en discuter en termes de méthodes et de message pour que la France et l'Allemagne soient d'accord à chaque étape", confie un diplomate français à l’AFP.
L’euro, pomme de discorde du couple franco-allemand. Pour ce faire, ils devront surmonter les points de tension qui les opposent, sur la politique monétaire européenne et la question de la dette souveraine notamment, comme le rappelle Le Parisien. Pas évident quand on sait que la chancelière reste dubitative face au plan de rigueur de 50 milliards d’euros prévu par Manuel Valls. Le même Manuel Valls, bien aidé dernièrement par Arnaud Montebourg, avait réveillé les rancœurs de Berlin. Le chef du gouvernement et son ministre de l’Economie avaient critiqué la trop forte valeur de l’euro sur le marché des changes, ce qui avait poussé le porte-parole de la chancellerie Steffen Seibert à répliquer du tac-au-tac : "Le cours de l’euro n’est pas du ressort des politiciens nationaux, c’est une question pour la Banque Centrale Européenne qui agit de manière indépendante dans ce domaine."
Hollande Merkel, un mariage arrangé. Si pour Henrik Uterwedde, vice président de l’Institut franco-allemand à Ludwisbourg, "l'invitation de François Hollande à Stralsund est certainement un signe de reconnaissance et d'estime de la part de Mme Merkel", la relation entre les deux chefs d’Etat tient plus du mariage arrangé que du coup de foudre depuis la prise de fonction du président français. Contrairement à leurs prédécesseurs, VGE et Helmut Schmidt ou Mitterrand et Kohl, ils n’ont pas connu les affres de la guerre et "font passer l’affect au second plan", analysent les journalistes du Monde Vanessa Schneider et Arnaud Leparmentier dans un article du 15 novembre 2013. Au-delà de cette explication historique, la froideur des relations entre Hollande et Merkel s’explique politiquement : ils ne sont pas du même bord, et la chancelière n’a pas oublié qu’en 2011, Hollande avait explicitement appelé à la faire battre lors d’un congrès du SPD (Part social démocrate allemand).
"Un couple, il faut que ça couche". En couple moderne, et en politiciens avisés, Hollande et Merkel savent faire fi de ces tensions et incompatibilités pour faire bonne figure. Nul doute qu’ils y parviendront encore ce vendredi. Même si les relations sont froides et distantes, le couple ne rompra pas. Et pourrait bien faire mentir l’analyse restée dans les annales de Jacques Chirac au sujet de la relation franco-allemande : "Un couple, il faut que ça couche."
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