La justice peut-elle travailler sereinement quand la presse multiplie les révélations parcellaires et accélère le calendrier judiciaire ? La question est posée lorsqu'on apprend la manière dont a été organisée mercredi l'audition de François Hollande dans le cadre de l'affaire DSK-Banon.
Une audition à l'origine même pas planifiée, mais anticipée après la parution d'un article dans Le Figaro. L'élu de Corrèze a depuis prévenu, rejoint par les avocats français de DSK : la diffusion d'informations parcellaires dans la presse nuit à l'enquête et alimente les soupçons d’instrumentalisation.
Une audition précipitée sur demande
Lorsqu'ils découvrent la Une du Figaro, mardi, les magistrats du parquet de Paris et les enquêteurs de la police judiciaire sont estomaqués : contrairement à ce qu'affirme le quotidien, ils n'ont pas programmé l'audition de François Hollande. Le journal assure que le candidat à l'investiture socialiste doit être entendu en septembre, quelques semaines avant les primaires. François Hollande, qui n'est que simple témoin dans l'affaire Banon, ne veut pas attendre jusque-là.
Mardi en fin d'après-midi l'ex-Premier secrétaire du PS s'entretient directement avec le procureur de Paris, Jean-Claude Marin. Au téléphone, il lui demande à être entendu au plus vite. Le parquet ne s'y oppose pas, au contraire. "L'enquête ne pouvait pas être menée de manière sereine", précise un magistrat.
Le procureur organise donc l'audition et appelle la direction de la police judiciaire. Un créneau est trouvé pour mercredi après-midi, dans les locaux de la BRDP, la brigade de répression de la délinquance contre la personne.
Aurélie Filippetti bientôt entendue
Moins d'une heure avec les policiers. La Une du Figaro a finalement fait les affaires de François Hollande, première personnalité politique de premier rang entendue par la Police Judiciaire dans cette affaire. A sa sortie, François Hollande, affirme que cette affaire ne concerne ni lui, ni le PS : le candidat à la primaire se réserve le droit d'attaquer en justice toute personne qui le mettrait en cause.
Vendredi, selon nos informations, ce sera au tour de la député socialiste de Moselle Aurélie Filippetti d'être entendue. Tristane Banon a affirmé aux enquêteurs que sa mère, Anne Mansouret avait été contactée par mail, par Aurélie Filippetti, alors chez les Verts, qui lui aurait conseillé de porter plainte.