Ils ne partagent pas les mêmes idées. Mais peu importe, entre François Hollande et le couple Chirac, le lien est fort. En Corrèze ou à Paris, l’homme de gauche a toujours été lié de près ou de loin à l’ancien président de la République et à son épouse, Bernadette.
Leur point commun ? La Corrèze. Il y a près de trente ans, François Hollande et Jacques Chirac s'affrontaient pour prendre le contrôle du département, qui leur est cher à tous les deux. Lors des élections législatives de 1981, celui qui est aujourd’hui candidat à la primaire socialiste avait alors encaissé sa première défaite face à l'ancien chef de l'Etat dans la circonscription d’Ussel. En 2008, l’ancien numéro un du PS a finalement pris les rênes de ce fief chiraquien.
"Un respect mutuel"
"François Hollande s’est implanté en Corrèze où il a été le successeur de Jacques Chirac. Depuis, il y a une sorte de respect mutuel entre les deux hommes", explique à Europe1.fr Stéphane Le Foll, bras droit de François Hollande.
Une proximité de terrain qui n’a jamais cessé. En mars dernier, lors des dernières élections cantonales, l'ancien patron de la rue de Solférino a eu l’occasion de croiser à plusieurs reprises l’ancienne première dame, qui se présentait dans le canton de Corrèze, où elle a gagné l’élection à une voix près.
Et même si leur appartenance politique les oppose, la relation entre Bernadette Chirac et François Hollande a été amenée à évoluer, depuis que ce dernier s'est imposé sur les terres corréziennes. De notoriété publique, leurs rapports au sein du département sont courtois. "C'est un homme de terrain, à l'écoute de la population. Au Conseil général, il respecte son opposition. On n'assiste jamais à des affrontements", racontait en juin 2010 Bernadette Chirac, dans une interview à L’Express, allant même jusqu’à dire que François Hollande avait "copié la méthode de [son] mari".
"François croise souvent les Chirac"
Un attachement commun à ce département de Corrèze, qui a fait de l’homme de gauche le "chouchou" du couple Chirac. "Il y a une sorte d’habitude. François croise souvent les Chirac", raconte Stéphane Le Foll.
Une proximité telle que François Hollande a préfacé le livre de Bruno Dive, Le dernier Chirac, paru fin février. Un socialiste et un gaulliste réunis dans un même ouvrage ? Le concept peut surprendre, avait concédé à l’AFP François Hollande, estimant qu’il était "sans doute la dernière personne à qui il était concevable de demander de préfacer un livre consacré à Jacques Chirac". Ce qui ne l’empêchera pas d’y dresser un portrait flatteur de l’ancien président.
"J’en sais les qualités humaines"
En janvier dernier, François Hollande n’hésite pas à monter au créneau, alors que des informations circulent dans la presse sur l’état de santé de l’ancien chef de l’Etat. "Moi je suis respectueux des personnes. Et encore davantage de Jacques Chirac. Car il a été président de la République. Et parce que je le connais. Je l’ai combattu, mais j’en sais aussi les qualités humaines", avait-il vanté sur Europe 1 le jour même des révélations. "Et je n’apprécie pas cette forme d’exhibition dont il n’est pas lui-même responsable. Et qui laisse penser qu’il ne serait pas en pleine capacité. Il a son âge, il a connu ses ennuis de santé, et alors ?", s’était agacé le socialiste.
Le lendemain, Bernadette Chirac n’avait pas hésité à donner le change à celui qui avait défendu son mari. C’est "un homme courtois, qui écoute ce que vous avez à lui dire, il donne toujours la parole à ceux qui veulent la prendre", avait-elle assuré sur Europe 1.
Hollande, un "homme d’Etat"
Des échanges élogieux par médias interposés, distillés au fil des années. Compliment ultime ce mois-ci dans le deuxième Tome des Mémoires de Jacques Chirac. Dans cet ouvrage, l’ancien locataire de l’Elysée estime que le socialiste, à qui l’on reproche souvent un manque de charisme, est un "homme d’Etat".
Un qualificatif appréciable pour François Hollande qui lui répond indirectement jeudi sur Europe 1 : "J'ai de bonnes relations avec Jacques Chirac... surtout depuis qu'il n'est plus président (...). Nous avons des raisons de nous retrouver en Corrèze, mais je sais quelle est sa famille politique et où il se situe", a-t-il nuancé, dans la foulée.
"Je voterai Hollande"
Un fossé non négligeable entre les deux hommes que Jacques Chirac a osé franchir samedi, lors d’un déplacement en Corrèze. "J'ai beaucoup d'estime pour François Hollande. Je peux le dire, moi je suis le passé mais lui c'est l'avenir : il va être candidat", a-t-il glissé à un ami selon Le Journal du Dimanche.
Et l’ancien président d’aller plus loin dans sa démarche : "Je voterai pour lui, oui, certainement, sauf si Juppé se présente. Je peux dire que je voterai Hollande", a aussi déclaré Jacques Chirac, aujourd’hui âgé de 78 ans. De "l’humour corrézien", a ensuite justifié l’ancien homme de l’Etat, face à l’ampleur médiatique engendrée par ses propos.
En janvier dernier, François Hollande expliquait sur Europe 1 que Jacques Chirac [était] "quelquefois plus indulgent à l’égard de ses adversaires, dont j‘ai été, qu’à l’égard de ses amis". Il ne croyait peut-être pas si bien dire.