"Solidarité", tel était le mot employé par François Hollande au lendemain des révélations du site d'informations Mediapart sur son ministre du Budget. Mardi, après l’annonce des aveux de Jérôme Cahuzac, le ton de l’Elysée a clairement changé. "Pour ce qui est du gouvernement, du Premier ministre et du président de la République, chacun a affiché sa solidarité à Jérôme Cahuzac qui traverse un épisode particulièrement désagréable", affirmait au début de l'affaire la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Les temps ont changé…
>> L'ANNONCE - Jérôme Cahuzac a avoué
La démission n'était qu'une première soupape. A l’Elysée, on a très vite pris conscience que ce petit caillou dans la chaussure pouvait vite devenir un boulet de plomb. Alors quand, mi-mars, la justice a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire concernant un possible compte en Suisse, tout était déjà prévu. Jérôme Cahuzac a démissionné d’un simple coup de fil, et son remplaçant était déjà dans les esprits élyséens. Mieux vaut prévenir que guérir…
Les mots de la colère de Hollande. Mardi, peu de temps après les aveux de son ancien ministre du Budget, François Hollande s’est donc fendu d’un communiqué cinglant : "le président de la République prend acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac devant les juges d’instruction concernant la détention d’un compte bancaire à l’étranger. C’est désormais à la Justice d’en tirer les conséquences en toute indépendance." Et le chef de l’Etat de conclure : "en niant l’existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays ainsi que devant la représentation nationale, il a commis une impardonnable faute morale. Pour un responsable politique, deux vertus s’imposent : l’exemplarité et la vérité."
>> VERBATIM - Cahuzac est "dévasté par le remords"
Ayrault élude le pardon. En début de soirée, c'est Jean-Marc Ayrault qui s'est exprimé à son tour, gardant la même tonalité grave et sévère : "c'est avec tristesse et consternation que j'apprends la vérité", a d'abord déploré dans un communiqué le Premier ministre. "Cette vérité est cruelle : Jérôme Cahuzac a menti devant le président de la République, le Premier ministre et la représentation nationale", a-t-il conclu. Invité un peu plus tard du JT de France 2, le Premier ministre a confié eu au téléphone son ancien ministre dans la journée. Et pas pour le consoler : "je lui ai dit de vive voix qu’il nous avait trahi. Il l’a reconnu". Quant au "pardon" que Jérôme Cahuzac appelle lui-même de ses voeux dans le message posté sur son blog : "Je n'ai pas la responsabilité de donner un pardon", a esquivé Jean-Marc Ayrault.