Hollande "fier et nostalgique" en Corrèze

François Hollande a fait ses adieux au conseil général de Corrèze, dont il était alors président.
François Hollande a fait ses adieux au conseil général de Corrèze, dont il était alors président. © REUTERS
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Non sans humour ni solennité, le président élu a fait ses adieux à son département de coeur.

François Hollande a tourné vendredi une page de sa vie politique en venant saluer une dernière fois les Corréziens avant de devenir officiellement, mardi, président de la République. Le futur chef de l’Etat a passé la journée à Tulle  en débutant par une cérémonie en hommage aux 99 résistants pendus à Tulle par les nazis en 1944. Puis il s’est rendu au conseil général de Corrèze, qu’il préside, pour remercier ses collaborateurs et préparer sa succession. Temps forts.

La phrase. "Une page se tourne, mais c’est le même livre"

Débarqué en 1981 en Corrèze pour y défier Jacques Chirac, François Hollande referme une page longue de 31 ans dans sa vie politique. Il a été successivement conseiller municipal d'opposition à Ussel (1983-1989), député (1988-1993, 1997-2012), 1er adjoint (1989-1995) puis maire de Tulle de 2001 à 2008, date à laquelle il est devenu président du conseil général.

Le nouveau président a évoqué "à la fois de la fierté et un peu de nostalgie. Mais la nostalgie s'efface, c'est la fierté qui l'emporte, la mienne d'abord, d'avoir été élu président de la République, en partant de la Corrèze, et fierté de la part de la population, qu'elle ait voté pour moi ou non". "Une page se tourne, mais on est dans le même livre", a-t-il conclu avant d’entrer dans l’amphithéâtre du conseil général.  "Je ne me sépare pas de vous, je vais m'éloigner", a-t-il lancé ensuite aux habitats du département. "Si je viens moins, ne pensez pas que je vous abandonne (...) Je suis lié à vous".

Les traits d’humour

Le président élu est réputé pour son humour. En 31 ans, les Corréziens ont pu s’en rendre compte. Alors pas question pour François Hollande de partir sans distiller quelques bons mots à un auditoire acquis. Ainsi, en rendant hommage au "beau département" de Corrèze, il a rappelé avoir multiplié au long des ans tours au marché, inaugurations et réunions, au point de devenir selon son expression un "spécialiste des salles polyvalentes".

"Je suis dans la partie la plus agréable de mon mandat, je circule, j'attends mardi prochain", a-t-il aussi glissé dans un sourire. "Les gens ont l'air content et je me demande comment j'ai fait pour n'avoir que 51,6% des suffrages quand je vois le nombre de personnes qui viennent me voir !"

Enfin, François Hollande a rendu hommage aux Corréziens, une "population qui n'est pas facile à séduire". "D'abord ils sont intelligents. La preuve : faire élire deux présidents", a déclaré sous les rires le successeur de Jacques Chirac, autre élu corrézien ayant présidé la France de 1995 à 2007. "Ils ont compris depuis très longtemps qu'il fallait à la fois se méfier de Paris et y envoyer un certain nombre de concitoyens pour en tirer des bénéfices".

Le message

François Hollande a dit tout son attachement aux collectivités locales, via le département de Corrèze. "Je ne pouvais pas concevoir l'exercice de cette fonction, si je n'avais pas eu au préalable la confiance des électeurs. Et la confiance se gagne dans la durée", a-t-il rappelé. Puis le président élu a tenu à saluer les fonctionnaires de l’institution territoriale, mais aussi tous les fonctionnaires territoriaux de France. "Je suis très attaché au statut qui est le vôtre", a-t-il assuré en direction de ceux qui "agissent au service de la population, du citoyen, de sa petite enfance jusqu'à la fin de son existence".

L’image

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Le président élu avait commencé la journée par une cérémonie en hommage aux 99 résistants pendus à Tulle par les nazis en 1944. Il a prévu de revenir dans la capitale de la Corrèze le 9 juin prochain, jour anniversaire de ce drame. En 2007, Nicolas Sarkozy avait lui aussi choisi d'honorer la Résistance dès son élection en saluant la mémoire de Guy Môquet. "Si on veut trouver une continuité, cherchons-la de ce côté, c'est-à-dire dans la volonté de chaque président de rappeler les sacrifices qui ont été ceux d'une génération qui va disparaître et qui mérite d'être autant qu'il est possible transmises", a dit François Hollande après la cérémonie.  

Le nouveau président a toutefois mis en garde contre toute "utilisation de la mémoire". "La mémoire, elle appartient à tous les Français, le président doit en être le garant", a-t-il estimé. "Mais nous ne devons pas mettre les mémoires dans un conflit, les mémoires, elles doivent rassembler".