Pendant trois jours, à partir de jeudi, François Hollande effectue son premier déplacement en Afrique. Avant cette visite très attendue, qui passera notamment par le Sénégal et la République démocratique du Congo, le chef de l’Etat a livré sa vision des relations franco-africaines, lors d’une interview diffusée jeudi soir par RFI, France 24 et TV5Monde. Avec deux idées force : la fin de la Françafrique et la fermeté dans la lutte contre le terrorisme.
• Françafrique : "les temps ont changé"
François Hollande avait promis pendant la campagne présidentielle de mettre fin à la Françafrique, ces réseaux parfois occultes entre l’Hexagone et certains pays africains. Le président français a assuré jeudi soir qu’il tiendrait parole. "Les temps ont changé", a-t-il asséné lors d’une interview donnée à RFI, France 24 et TV5Monde. "C’est une nouvelle politique qui est en train de se définir. Je ne veux pas des passe-droits. C’est fini le temps des émissaires, des intermédiaires, de ceux qu’on pouvait emmener dans nos bagages", a-t-il insisté.
Pour le journaliste Pierre Péan, Hollande "marque la rupture" :
Le chef de l’Etat a également affirmé qu’il aborderait systématiquement les questions des droits de l’homme et de la démocratie avec les chefs d’Etat qu’il rencontrera. "Je veux, à chaque fois que je me déplace, qu’il y ait aussi la marque que, lorsque la France est là, il doit y avoir des progrès en matière de démocratie", a précisé François Hollande. Quid des intérêts économiques français, dans ce contexte ? "Je veux qu’ils soient défendus, c’est normal. Mais sans qu’il y ait besoin d’avoir des marchés publics qui ne soient pas ouverts et transparents", a tranché le chef de l’Etat.
Bref, à entendre François Hollande, la Françafrique, c’est fini. "Il y aura la France, il y aura l’Afrique. On n’aura pas besoin de mêler les deux mots.
Sur Europe 1, le journaliste Pierre Péan a vu dans le discours du chef de l'Etat une "rupture" :
• L’anti-discours de Dakar
Même s’il se défend de vouloir réparer le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, au cours duquel l’ex-président français avait reproché à "l’homme africain" de ne pas être assez "entré dans l’histoire", c’est une vision radicalement opposée que François Hollande va défendre lors de ses trois jours sur le sol africain. "Je ne viens pas faire un discours pour effacer un précédent. Je viens écrire avec l’Afrique une nouvelle page", a-t-il d’abord juré.
"La nouvelle page, c’est de voir l’Afrique comme un continent d’avenir Nous voulons être de votre grande aventure", a-t-il affirmé à l’endroit des Africains. "A la jeunesse africaine, je veux dire que nous venons construire une relation de confiance et de considération", a encore lancé le président français. Son discours de Dakar, attendu vendredi, devrait être dans cette tonalité.
• Mali : l’épineuse question des otages
Au sujet du Mali, dont le Nord est contrôlé par des islamistes proches d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), François Hollande a répété son message de fermeté et son refus de toutes négociations. "Discuter ? Avec qui ? Avec des terroristes qui imposent une loi, la charia, qui coupent des mains et qui détruisent des monuments considérés comme au patrimoine de l’Humanité. Discuter avec Aqmi. Qui peut imaginer qu’il puisse y avoir là des conversations qui puissent être utiles ?", a-t-il interrogé.
Le chef de l’Etat a confirmé que la France était prête à apporter son aide en cas d’intervention militaire, une question étudiée vendredi au Conseil de sécurité de l’ONU. "Si on nous demande notre appui logistique, c’est-à-dire du matériel, des informations, nous les fournirons", a assuré François Hollande. Mais le chef de l’Etat pose deux conditions : qu’une résolution soit votée à l’ONU d’bord. Que l’initiative et l’organisation viennent des Africains, ensuite. Et en tout état de cause, "Il n’y aura pas d’hommes au sol, pas de troupes françaises engagées", a-t-il promis.
Enfin, au sujet des six otages français retenus dans le pays, François Hollande a répété que la France faisait tout pour obtenir leur libération. "Nous avons deux devoirs : libérer nos otages et libérer le Mali du terrorisme. Ces devoirs ne sont pas contradictoire, au contraire", a-t-il estimé, avant de se faire plus menaçant. "Les ravisseurs savent bien ce qui peut arriver et être dans une disposition de relâcher les otages. Je leur dis : ‘nous voulons la libération de nos otages. Et nous feront tout pour l’obtenir’", a-t-il conclu.
>> Aqmi menace de tuer les otages français
•"Nous éliminerons" les cellules islamistes
Quelques jours après le démantèlement d’une cellule terroriste en France, François Hollande s’est voulu des plus ferme. "Il ya des ressortissants français au Mali, comme en Somalie, comme en Syrie, et qui ensuite peuvent revenir dans leur pays ave des visées terroristes. Je ne peux pas l’accepter. Il faut couper la route des terroristes", a-t-il affirmé.
"En même temps, nous avons aussi un terrorisme qui peut être ici présent en France sans qu’il y ait de connexion avec des zones extérieurs. Nous devons y veiller et c’est ce qu’il vient de se produire", s’est-il félicité. "Nous ne les lâcherons pas. Nous les pourchasserons et nous les éliminerons", a-t-il insisté.