Les deux finalistes de la présidentielle ont répondu à la lettre envoyée par François Bayrou.
François Bayrou peut être satisfait : il plait encore. Alors que les 6 millions d'électeurs de Marine Le Pen obsèdent tous les esprits et font l'objet de toutes les attentions de la campagne, on en oublierait presque les 3 millions du MoDem. Mais la drague aux voix FN n'a pas fait perdre de vue à Nicolas Sarkozy et François Hollande que les centristes pouvaient encore peser. Les deux finalistes ont répondu à la lettre de François Bayrou, envoyée mercredi, dans laquelle il expose ses attentes.
Equilibre budgétaire, moralisation de la vie publique, éducation, modèle social… Sur chaque point évoqué par le centriste, ils ont essayé de convaincre qu'ils étaient centro-compatibles. François Hollande s'y est employé vendredi après-midi, au Printemps de Bourges. Et Nicolas Sarkozy a rendu publique un peu plus tard une lettre de sept pages en guise de réponse. Voici quelques éléments de comparaison.
La réduction des déficits
Le président-candidat semble d'avantage en phase avec le Modem sur ce point. Tout comme François Bayrou, Nicolas Sarkozy souhaite inscrire une règle d'or budgétaire dans la Constitution. François Hollande se contente, lui, d'une "loi de programmation".
Contrairement à ce qu'affirme le président du MoDem, les deux soutiennent que leurs projets sont chiffrés et leurs perspectives de croissance crédibles. François Hollande prévoit un retour à l'équilibre en 2017, Nicolas Sarkozy en 2016.
Moralisation de la vie publique
Tout comme le centriste, les deux finalistes entendent instaurer une dose de proportionnelle aux législatives. François Hollande s'accorde avec François Bayrou sur l'interdiction du cumul des mandats, là où Nicolas Sarkozy propose simplement d'interdire le cumul ministère + mandat local. Le président candidat rejoint en revanche le centriste sur sa volonté de réduire le nombre de parlementaires. Il envisage également la tenue d'un référendum sur ce sujet en cas de blocage parlementaire, là où François Hollande veut s'en tenir à une adoption au Parlement pour "aller plus vite".
Education
François Bayrou souhaite sur ce sujet "un nouveau contrat entre l'école et la nation", qui "touchera à la question des pratiques, de l'organisation, du développement de l'alternance et de l'apprentissage, aussi bien que des moyens".
Difficile de départager les deux finalistes dans leur centro-compatibilité sur ce point, tant l'un est à droite et l'autre à gauche. Contrat de génération, augmentation de 25% de l'allocation de rentrée scolaire, création de 60 000 postes… Hollande soutient "partager des objectifs qui peuvent être communs" avec Bayrou : "la nécessité de redonner à l'école de la République les ressources indispensables et une confiance."
Réforme du Collège, développement de l'apprentissage, augmentation des salaires et des heures de travail des professeurs… Nicolas Sarkozy veut lui fonder un projet sur "la revalorisation du savoir, de l'effort, et sur la considération que la société tout entière doit aux enseignants". Il affirme également "partager l'analyse sur la crise de l'Ecole" du centriste.
Model social
"Sur le modèle social, Bayrou a évoqué le Conseil national de la Résistance et dit que nous avions à le préserver tout en l'actualisant, je comprends cette démarche", s'est contenté de déclarer François Hollande.
"Vous évoquez dans votre lettre I' héritage du Conseil National de la Résistance. Comme vous le savez, cette plate-forme politique, née d'une des périodes les plus dramatiques de notre histoire, m'est chère. Elle nous donne une leçon dont la force traverse les âges : une nation qui veut préserver l'essentiel de ses valeurs doit avoir le courage de se réformer" a quant à lui écrit le président candidat. Et ce dernier d'énoncer les mesures phare de son quinquennat sur ce sujet, réformes des retraites et de l'hôpital en tête.
Le report de voix des électeurs du MoDem reste encore incertain pour le 2nd tour. Pour l'heure, entre 32 et 40% des électeurs centristes pourraient se reporter sur François Hollande, entre 32 et 39 sur Nicolas Sarkozy, selon les différents sondages. L'ex candidat Modem a quant à lui fait entendre qu'il "prendrait ses responsabilités" après le débat d'entre-deux tours. Le temps de potasser les deux réponses des finalistes.