C’est ce qu’on appelle une critique en creux. En parlant de lui, François Hollande a envoyé jeudi sur Europe 1 quelques piques à Martine Aubry, son adversaire du deuxième tour de la primaire socialiste, dont le vote aura lieu dimanche. "Je ne veux pas être dans la dévalorisation. Je n'ai pas besoin, moi, de dénigrer, de dévaluer, de dénoncer", a-t-il lancé, au lendemain du débat télévisé qui l’a opposé à la maire de Lille.
"Moi, j'évite la caricature" :
Ce "moi", François Hollande l’a utilisé à plusieurs reprises pour en fait évoquer son adversaire. "Moi, je ne veux pas tomber dans cette caricature", a-t-il ainsi assuré au moment d’évoquer la "gauche molle", expression maintes fois utilisée par son adversaire. "Je ne peux pas accepter l’idée qu’il y aurait une gauche molle, qu’elle ne revendique même pas d’ailleurs quand on lui demande qui elle vise. Il n’y a pas des durs et des mous. La gauche n’a à être ni sectaire ni fragile, mais à être elle-même."
"Moi, je cherche à rassembler"
Idem quand il s’agit d’évoquer les efforts de Martine Aubry pour s’attirer les faveurs du troisième homme, Arnaud Montebourg. "Moi, je n’ajoute pas des propositions aux propositions pour plaire à toutes les catégories. J’essaye d’avoir une vision de mon pays, dans un moment exceptionnellement difficile", a poursuivi le président du conseil général de Corrèze, qui peut déjà compter sur le soutien des trois autres candidats malheureux éliminés lors du premier tour : Ségolène Royal, Manuel Valls et Jean-Michel Baylet.
Idem encore sur la stratégie, pacifique pour lui, plus agressive pour la maire de Lille. "La différence, c’est que moi je cherche à chaque fois, sur une ligne cohérente, à rassembler. Je ne fais jamais rien qui puisse heurter, diviser. En tous cas dans mon camp. Car mon seul adversaire, c’est Nicolas Sarkozy. Et je n’oublie pas Marine Le Pen." Plus tard dans la matinée, François Hollande a avancé une autre explication : "Si elle a pu être offensive, c’est qu’elle avait peut-être un retard à rattraper", a-t-il estimé.
Quant au rôle que jouerait Martine Aubry s’il l’emportait, François Hollande a été des plus clairs. "Elle est la première secrétaire du Parti socialiste, elle fera la campagne en tant que première secrétaire."