Ils ont rejoint le club des ex. Les ex-ministres débarqués lors du dernier remaniement ministériel racontent leur relation avec François Hollande, dans un dossier publié par Le Nouvel Observateurcette semaine. Un portrait peu flatteur pour le chef de l'Etat, décrit tour à tour comme "distant', "très directif", voire "cinglant".
Un président directif mais ... A écouter ses anciens ministres, François Hollande, qui a dirigé Solférino pendant onze années, continue de se comporter comme s'il était premier secrétaire du PS. "Il ne fait que de la tactique, je ne suis pas sûr que l'exercice du pouvoir l'intéresse vraiment", persifle un ancien membre du gouvernement. Et si, au final, le président arbitre peu, il peut se montrer très directif. "Il arbitre comme il a toujours eu l’habitude de le faire, c'est-à-dire que tout le monde peut interpréter sa décision comme il le souhaite. On ressort toujours content de son bureau", s'amuse l'ancien ministre délégué à la Ville François Lamy.
"J'ai connu un président très directif, voire cinglant. Et ceux qui étaient la cible de ses exigences n’étaient pas toujours heureux de se retrouver ainsi stigmatisés", ajoute Guillaume Garot. L'ancien ministre à l'Agroalimentaire se souvient d'un François Hollande commandant en chef lors de la révolte des Bonnets rouges. "Il m’appelait de portable à portable, sans passer par son secrétariat. Il me disait : "fais un communiqué, dis ceci, dis cela", se remémore Guillaume Garot.
... "une impression de flottement". "Il n'est pas indécis, il attend de voir", fait remarquer l'ancienne ministre du Logement Cécile Duflot qui souligne, vacharde, que "le verbe et la com’ comptent plus que les actes" chez Hollande. Mais le plus sévère est sans aucun doute Philippe Martin. "Son souci principal, c’est d’aller toujours plus vite, ce qui le conduit parfois à une forme d’énervement (…) A vouloir tout contrôler en même temps, consulter tout le monde à la fois, les décisions prennent du temps à être tranchées. Au lieu d’aller vite, il donne une impression de flottement", tranche l'ancien ministre de l'Ecologie.
Certains ne l'ont jamais vu en tête-à tête. S'il peut se montrer hyper directif sur certains dossiers, François Hollande peut aussi afficher une forme d'indifférence quand les sujets ne l'intéressent pas. Ainsi, hormis les Conseils des ministres et les déplacements imposés, certains ex-ministres racontent qu'ils n'ont jamais vu le président en tête à tête. "J’ai demandé deux fois un rendez-vous, par écrit, dans les formes, mais je n’ai jamais eu de réponse. Il ne regarde que du côté de la jeunesse et de la fiscalité. Les personnes âgées ne font pas partie de son centre d’intérêt", confie l'ancienne ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomie, Michèle Delaunay. "Je ne l'ai jamais vu en tête à tête. J'ai pourtant demandé à le rencontrer à plusieurs reprises. Ça m'a étonné, blessé, vexé. Surtout que j'avais en charge la loi sur la transition énergétique", renchérit Philippe Martin, bref ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie après le limogeage de Delphine Batho.