Il en a fait un argument de campagne contre Nicolas Sarkozy. Devenu président, François Hollande continue de le marteler. Oui, il aspire à être un président "normal". "Les poignées de main, les sourires, les photographies... : je fais en sorte, malgré un protocole plus lourd, d'être toujours aussi proche", a confié le nouveau président, mercredi, alors qu'il assistait au vernissage d'une exposition au Grand Palais.
Sa liberté de mouvement lui manque déjà
Pourra-t-il le faire une fois qu'il aura officiellement investi l'Elysée ? Rien n'est moins sûr. Le président élu, mais pas encore en exercice, sait déjà qu'il est plus facile d'être un candidat "normal" qu'un président "normal". "L’absence de liberté de mouvement" lui pèserait déjà, selon son entourage. Hollande demande régulièrement "pourquoi il y a tant de policiers ?" ou encore "pourquoi on a bloqué la circulation ?", ont confié ses proches au JDD.
Mardi, tout changera. Définitivement. Sa sécurité. Son logement. Son rapport aux autres. Tout sera différent. Son entourage en est conscient. "Il n’a pas changé dans la relation qu’il a avec nous, mais quand la séparation va se faire, ça changera, on sent que lui aussi est en train de préparer la mue", a confié au JDD, Manuel Valls, son directeur de communication. Après le 15 mai, même ses proches lui donneront du " Bonjour président".
Nom de code : "Delta"
François Hollande devra aussi composer avec les exigences de sa sécurité. Dès mardi, les 80 membres du Groupe de sécurité de la présidence de la République se relaieront pour assurer sa protection. Comme chaque président, François Hollande aura son nom de code pour les hommes du SPHP (Service de protection des hautes personnalités). Pour lui, ce sera "Delta". Sa compagne, Valérie Trierweiler, ses trois enfants et les quatre enfants qu'il a eus avec Ségolène Royal, pourront aussi bénéficier d'une protection rapprochée, s'ils le souhaitent.
Le nouveau président s'apprête aussi à renoncer à son logement personnel, dans le 15e arrondissement de Paris. "J'y ai mes habitudes : restaurant, boulanger, voisins... J'y suis chez moi", avait-il confié, à peine élu président. Mais les services de sécurité ont réussi à avoir le dernier mot. A moins de fermer la rue complètement, il était impossible pour le SPHP d'assurer la sécurité du couple présidentiel. François Hollande et Valérie Trierweiler vont donc s'installer à contre-cœur à l'Elysée, le temps de trouver un logement adapté au nouveau statut de François Hollande.
Trouver un logement adapté
Dans l'idéal, une habitation sans voisins faciliterait grandement le travail du SPHP. Mais il est peu probable que François Hollande investisse une maison particulière dans un quartier chic de Paris. Pour trouver un appartement compatible avec sa fonction présidentielle, le chef de l'Etat et sa compagne devront veiller à deux critères principaux : l'immeuble doit impérativement avoir plusieurs entrées et plusieurs sorties. Surtout, l'immeuble doit permettre d'assurer la "continuité du feu nucléaire". Cette combinaison de chiffres permet de donner l'ordre de déclencher le feu nucléaire. Elle doit être accessible à tout moment par le chef de l'Etat. Or, le trois pièces de François Hollande dans le 15e arrondissement ne se prêtait pas à un tel dispositif.