Le rendez-vous. "La France peut vous surprendre et vous surprendra. La troisième révolution industrielle se produira aussi en France." François Hollande a tenu jeudi à l’Élysée un grand discours sur l'avenir industriel du pays, tout en présentant les 34 grands plans de l'exécutif visant à relancer l'industrie française. "Nous voulons engager une nouvelle France industrielle. Le défi qui est le notre, et le votre, c'est de passer notre pays au premier rang mondial", a déclaré le chef de l’État devant un public de chefs d'entreprises. "J'ai la conviction que c'est par l'industrie que la France retrouvera des parts de croissance et retrouvera espoir", a-t-il lancé, critiquement vertement tout idée d'une politique interventionniste.
>>> Que faut-il retenir de son discours? On vous résume les trois points clés.
Le déclin de l'industrie, une question de "mentalité". Le chef de l’État a entamé son discours en dressant un noir tableau de l'industrie du pays, rappelant au passage le déficit commercial de 64 milliards d'euros de la France. "Les raisons, on les connaît : un défaut de compétitivité, un manque de spécialisation", a-t-il commencé. Avant de poursuivre : "mais c'est aussi une mentalité, qui laisserait penser que l'industrie avait fait son temps, que nous rentrions dans une autre société, dans un autre univers, que nous n'avions plus besoin d'usines, d'ouvriers, d'ingénieurs, et que nous pouvions nous livrer à une économie des services." Une mentalité que refuse François Hollande : "nous avons besoin de l'industrie et des services, comme de l'agriculture, de tous ce qui fait production".
>> Un film sur la "nouvelle France industrielle" a par ailleurs été diffusé par l’Élysée en parallèle du discours :
34 "plans de bataille". "La France est une nation d'inventeurs, de pionniers, d'entrepreneurs. Nous avons le devoir de poursuivre ce récit", a martelé le président de la République, avant de détailler ces 34 "plans de bataille" visant à redresser l'industrie française. "Ces 34 plans sont les nouveaux visages de la France industrielle", a-t-il insisté. Ces derniers, a-t-il poursuivi, ont été sélectionnés selon trois critères : "des produits ou services clairement identifiés" d'une part, "où la France, c'est-à-dire ses entreprises, maitrise déjà le sens, la direction, le contenu", d'autre part, et qui seront issus d'un "environnement industriel technologique universitaire permettant à nos entreprises d'occuper une place imminente". Par ailleurs, "tous les six mois", un point d'étape sera fait, par l'exécutif, sur ces différents projets, qui auront trois priorités : la transition énergétique, l'économie du vivant (santé, alimentation) et les nouvelles technologies.
>> Pour le détail des priorités industrielles du pays, lire notre article ici
Hollande enterre une certaine idée du socialisme. Fut un temps, le socialisme se définissait, en partie, par l’interventionnisme de l’État dans l'économie, en opposition au libéralisme, qui prônait le laisser-faire des marchés, l’État se contentant de fixer les règles. Jeudi, le président socialiste a définitivement enterré cette vision, abandonnant tout idée d’interventionnisme. "Ces plans ne sont pas sortis de nulle part", a martelé François Hollande. Et d'assener : "ils ne sont pas sortis de l'esprit de fonctionnaires, par ailleurs nécessaires, mais qui n'ont pas toujours la connaissance de ce que peut être l'industrie de demain, ni de l'esprit de ministres, par ailleurs nécessaires, mais qui n'ont pas toujours la clairvoyance de l'économie et de l'industrie de demain. Ils ont été élaborés et conçu dans le cadre du conseil national de l'Industrie, représentant tous les acteurs de l'industrie".
>> À l’occasion de cette présentation, le président à également fait la connaissance de "Nao", un robot censé tenir compagnie aux personnes isolées :
Dans le détail, l’État interviendra tout de même un peu sur les 34 plans, à travers la législation, les moyens fiscaux, les commandes, mais aussi avec des financements publics comme le Plan d'investissements d'avenir. Au total, 3,7 milliards d'euros d'argent public pourraient être consacrés, mais avec l'objectif que l'investissement privé prenne le relais à un niveau supérieur. "Les plus anciens se souviennent d'une période ou les grands projets étaient lancés d'en haut, d'Ariane au TGV, du Concorde au nucléaire. Nous en sommes légitiment fiers. Mais gardons nous de toute nostalgie. Les conditions ont changé. Nous sommes au nouvel âge de la mondialisation", a-t-il estimé. Et d'enchaîner : "il ne s'agit pas de revenir aux grands plans des années 1960 ou 1970. (...) L’État n'a pas à se substituer aux initiatives privées car ce sont les industriels qui connaissent les marchés, mais il lui revient de définir des priorités, un cadre, d'accompagner, de stimuler."