L'info. Son recadrage était attendu, mais c'est avec une colère froide et dans une ambiance tendue que François Hollande a rappelé, mercredi, ses ministres à la sacro-sainte solidarité gouvernementale. Ce énième rappel à l’ordre depuis son entrée à l'Elysée vise particulièrement Manuel Valls et Cécile Duflot. Depuis plusieurs jours, la tension monte entre les deux ministres à propos des Roms. La ministre du Logement a en effet estimé que son collègue de l'Intérieur a attenté au pacte républicain en affirmant qu'une minorité de Roms seulement voulait s'intégrer en France. Elle avait même publiquement sollicité l'arbitrage présidentiel. Sans la citer, François Hollande lui a répondu en Conseil des ministres par un avertissement direct : "c'est la dernière fois". Une fois n'est pas coutume, le président de la République a demandé à son Premier ministre Jean-Marc Ayrault de "veiller encore davantage" au travail et à l'expression du gouvernement.
Clair et net. Face au risque de division gouvernementale, le président de la République a donc sifflé la fin de la récré. Selon le ministre de l'agroalimentaire, Guillaume Garot, "le président a fait un rappel des règles d'unité et de solidarité au sein du gouvernement, il n'a pas cité nommément (Manuel) Valls ni (Cécile) Duflot". Pour Guillaume Garot, "ça a été clair, ça a été net, ça a été un président parfaitement dans son rôle. Ce qui compte aujourd'hui, c'est qu'on soit parfaitement concentré sur l'action contre le chômage, c'est ce qu'attendent aujourd'hui les Français". "C'est un rappel de la vie d'un gouvernement. La vie d'un gouvernement c'est de la solidarité, de l'unité, de la responsabilité", a-il ajouté dans la cour de l'Elysée.
Najat Vallaud-Belkacem, a, de son côté, assuré que François Hollande "a mis un terme définitif à la polémique". Selon la porte-parole du gouvernement, le président de la République a aussi rappelé que les débats internes tels que ceux sur les Roms "ne doivent pas avoir lieu sur la place publique". "S'il subsiste une dissension entre ministres (à l'avenir) elle doit être arbitrée en interne par le président de la république lui-même", a conclu Najat Vallaud-Belkacem.
Un problème d'autorité ? Ce n'est pas la première fois, loin s'en faut, que François Hollande est obligé de recadrer ses ministres. En avril dernier notamment, le président de la République avait repris Cécile Duflot (déjà), Arnaud Montebourg et Benoît Hamon qui critiquaient alors ouvertement la politique d'austérité choisie par l'exécutif. Manifestement, la leçon n'avait pas été comprise.
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