L’INFO. C'est le rendez vous politique du jour. François Hollande reçoit lundi soir tous les chefs de partis de sa majorité. Harlem Désir, patron du Parti socialiste, Pascal Durand, celui des écologistes, ou encore Jean Michel Baylet, chef des radicaux de gauche, vont être reçus pour la première fois du quinquennat. Même Robert Hue et son petit Mouvement unitaire progressiste connaitront cet honneur. C'est un tournant : le président de la République revient, en effet, sur l'une de ses promesses de campagne.
"Moi président, je ne serai pas le chef de la majorité". Telle était la première phrase de la célèbre anaphore prononcée par le candidat Hollande lors du débat de l’entre-deux-tours face à Nicolas Sarkozy. Un an après, "lui président", il reçoit ses alliés à Élysée, comme le faisait si souvent son prédécesseur. Au menu des discussions : dresser le bilan de la législature, et évoquer les grandes lignes de l’année à venir. "On parlera réforme des retraites", confirme l'Élysée à Europe 1.
La succession d'échecs d'électoraux depuis un an (huit au total, dont deux avec élimination du candidat PS dès le premier tour) a laissé des traces, et inquiète. Les élections municipales seront donc aussi abordées. "La majorité doit s'organiser pour les prochains scrutins, notamment municipaux, pour partir rassemblée", avait déclaré le chef de l’Etat dans un entretien à Ouest France, le 1er juillet. Pour le moment, on en est loin.
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Rassurer et convaincre. Pour éviter une débandade électorale, François Hollande a bien conscience que la seule solution est d’éviter dispersion des candidatures. Mais pour l’heure, les Verts sont partisans d’un premier tour "chacun pour soi". "L'union ne se décrète pas. On ne peut pas dire aux écologistes: ‘vous devez marcher derrière moi parce que c'est la Ve République et que j'en suis le président.’ Ça ne marche pas comme ça", a ainsi prévenu Pascal Durand, patron des écolos, dans Le Figaro, lundi matin.
François Hollande devra donc se montrer persuasif, y compris auprès des communistes. Car s’ils ne font certes pas partie de la majorité, ils "ont besoin de l'unité de la gauche pour les municipales", assure un ministre socialiste. Mardi, Pierre Laurent, le numéro un du PCF, sera donc lui aussi reçu à l’Elysée. Le turbulent Jean-Luc Mélenchon, lui, peut toujours attendre…
Hollande, chef du PS. Hollande qui se lance dans la cuisine électorale, c’est un peu le retour du Premier secrétaire du PS. Une façon d’acter, justement, que le PS de Harlem Désir ne fait pas le job. Rue de Solferino, les "hollandais" sont en retrait. Les "historiques", Stéphane Le Foll, Jean-Yves Le Drian, Kader Arif, Michel Sapin, notamment, auxquels s'ajoutent Manuel Valls, Vincent Peillon, Pierre Moscovici, commencent donc à s'organiser. "L'idée est défendre l'action du président face à ceux qui pensent qu'il faut lâcher la bride sur le déficit budgétaire, ce qui serait suicidaire", explique l'un d'eux.
Mettre les mains dans le cambouis, c’est aussi le risque, assumé par François Hollande auprès de ses proches, d’empiéter sur les plates-bandes de Jean-Marc Ayrault. Ces dernières semaines, le président a d’ailleurs organisé des dîners discrets à l’Elysée, avec des chefs de groupe ou le patron du PS. Il a aussi rencontré quelque 80 députés et sénateurs. La "présidence normale" est morte, vive l’hyperprésidence.