Le contexte. François Hollande a donné la vision de SON Europe mardi à Strasbourg. C'était la première fois que le très europhile président français s'exprimait sur le sujet, et il l'a fait à un moment crucial, à deux jours seulement du Conseil européen de Bruxelles, où le budget pluriannuel 2014-2020 de l’Union doit être adoptée. Le chef de l'Etat a aussi répondu indirectement au Premier ministre britannique, David Cameron, qui veut soumettre la place de son pays dans l’UE à référendum et réclame des coupes très franches dans le budget.
Non à "une Europe à la carte". C’est un passage qui n’aura échappé à personne, et sûrement pas à David Cameron (photo). Même s'il ne l'a jamais cité, c'est bien sur en direction du premier ministre britannique que François Hollande a prononcé certaines phrases. "L'Europe ne peut pas être une addition de nations venant chercher ce qui leur serait utile pour elles et pour elles seules. (...) Je plaide pour une Europe différenciée. Pas une Europe à deux vitesses, ou à la carte. Une Europe où des Etats décident d'aller de l'avant", a lancé le président français à la tribune.
"Des économies, oui, affaiblir l’économie, non". "Nous connaissons toutes les difficultés de cette négociation", a admis François Hollande au sujet du prochain Conseil européen. "Les uns veulent des coupes, les autres, parfois les mêmes, veulent des garanties sur leur chèque ou sur leur rabais. La plupart des pays est intéressée par telle ou telle part du budget européen, pas par une autre. Ma position s’énonce simplement : 'faire des économie, oui, affaiblir l’économie, non.'"
Et pour le président français, l'Europe ne réussira que si elle s'appuie sur quatre grands piliers, quatre grands principes : "un niveau de dépenses qui préserve les politiques communes", une "politique de cohésion pas seulement pour les pays bénéficiaires mais pour l'ensemble de l'Europe", une "politique agricole qui permet de renforcer une industrie précieuse" et un "cadre financier qui doit prolonger le pacte de croissance".
"Il n’y aura pas de répit". Pas de discours de François Hollande sans anaphore. Celui de mardi en a compté deux. Dès le début de son discours, le chef de l’Etat français a débuté toutes ses phrases par "je m’adresse à vous". Puis au milieu du discours, après avoir affirmé que la crise de l’euro était terminée, le président français a affirmé en boucle que l'effort devait se poursuivre. "Il n’y aura pas de répit…", a répété à plusieurs reprises François Hollande.
"L’Europe doute d’elle-même". Dès le début de son discours, François Hollande a dépeint une Europe en crise de confiance. "Depuis trop longtemps l'Europe doute d'elle même, doute de ses choix, met trop de temps à prendre des décisions majeures (...) et elle met trop peu de temps à réfléchir à ses orientations et à son architecture d'ensemble", a-t-il estimé.
"Chercher le compromis". Après son discours, françois Hollande a été interpellé par plusierus eurodéputés, la plupart français, comme Daniel Cohn-Bendit, Marielle de Sarnez, ou encore Marine Le Pen :
"Je ne regrette pas ma venue ce matin", a d'abord souri françois Hollande lors de sa réponse. "En entendant M. Lamassoure, je me disais qu'on demande à un socialiste d'empêcher les conservateurs de faire un mauvais budget", s'est-il amusé. J'ai bien entendu votre message mais si, d'ici jeudi, vous pouvez le transmettre à vos chefs de gouvernements", taquine le chef de l'Etat. Plus sérieusement, François Hollande assure aux députés qu'il veut "chercher le compromis", jeudi, lors du Conseil européen.