A la mi-temps de son quinquennat, c'est une causerie particulière que compte délivrer François Hollande. Le président de la République sera l'invité d'une émission spéciale, intitulée En direct avec les Français, jeudi à 20h30 sur TF1. Au programme, une interview au registre intimiste avec le journaliste Thierry Demaizière en début d'émission, une autre conduite par Gilles Bouleau et Yves Calvi à la fin. Et surtout, entre les deux, un échange avec quatre Français sélectionnés par la première chaîne.
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Un format rejeté… jusqu'à maintenant. Le président face à quelques citoyens ordinaires sous les caméras : Nicolas Sarkozy a participé plusieurs fois à ce type de format pendant son quinquennat. François Hollande, lui, s'y est toujours refusé jusqu'ici. Pourtant, son entourage lui a maintes fois conseillé l'exercice. Au début de l'année, le président avait même autorisé ses équipes à développer un projet d'émission de ce type, rapporte Libération. Avant de l'annuler à la dernière minute.
Pourquoi, alors, se décider finalement à tenter l'expérience ? "Il est dans une situation tellement effroyable dans son rapport à l'opinion publique qu'il doit dénoter, faire quelque chose qu'il n'a jamais fait avant", analyse l'expert en communication Jean-Luc Mano, joint par Europe 1.
Opération transparence. Une communication de la dernière chance, qui s'inscrit dans la droite ligne d'une opération "transparence" engagée depuis quelques semaines. L'entourage de François Hollande a en effet ouvert successivement les portes de l'Elysée à trois médias, qui ont pu suivre le chef de l'Etat de près, des réunions de travail aux déplacements sur le terrain, en passant par l'avion présidentiel. Désormais, ce sont des citoyens ordinaires - un jeune, un patron, un senior, un habitant de zone rurale, selon Le Figaro - qui pourront approcher de près le président et lui poser leurs questions.
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Préserver son capital sympathie. Une émission sous le signe de la proximité, donc. "C'est très risqué parce qu'il y a une panne de résultats, de vision, et ce n'est pas simplement en montrant qu'il est sympathique que François Hollande va s'en sortir", juge Jean-Luc Mano. "Mais il veut essayer de préserver ce qui lui reste de capital sympathie après le livre de Valérie Trierweiler".
Une démarche qui rappelle au communicant celle de François Mitterrand lorsqu'il était, lui aussi, au plus mal dans les sondages. En 1985, dans l'émission Ca nous intéresse, monsieur le Président, le chef de l'Etat était interrogé par un Yves Mourousi assis sur la table, lui demandant s'il connaissait le mot "chébran"…
Toutefois, on imagine difficilement autant de décontraction jeudi soir. "Les gens sont tellement excédés qu'il ne peut pas jouer à celui qui rigole", nuance Jean-Luc Mano. Les "petites blagues" devraient donc être remisées au placard.
L'humour à la télé, ça ne marche pas. Mais sur quels atouts le président peut-il miser ? "Hollande a deux talents : c'est un bon orateur et il a de l'humour. Mais ce sont deux choses qui ne passent pas à la télévision. Le second degré est impossible car le public est trop large", poursuit Jean-Luc Mano. "C'est donc un média où il n'est pas formidablement à l'aise, même s'il ne faut pas oublier qu'il a été considéré comme le vainqueur du débat d'entre-deux-tours en 2012". L'ancienne ministre Nicole Bricq, elle, veut y croire : "il sera très bien, il s'est certainement bien préparé. La télé, il aime ça". Rendez-vous jeudi soir.
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Commet être bon à la télé quand on est président ?par Europe1fr