Plus d’un an après l’affaire Merah, les services français de renseignement sont à nouveau sous le feu des critiques. En cause cette fois, l’agression d’un militaire à La Défense, par un jeune homme qui avait fait l’objet d’un signalement. Deux jours après l’arrestation du suspect, prénommé Alexandre, François Hollande s’est refusé vendredi à accabler les services de renseignement français. Lors d’un entretien accordé à France 24, RFI et TV5 Monde, le chef de l’Etat a tout de même pointé des défaillances et réclamé des améliorations.
"Ce qui hier a été défaillant…" François Hollande a ainsi refusé de revenir sur la fusion des services de renseignements réalisée en 2008, avec notamment la fusion des Renseignements généraux dans la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur). Mais "il faut parfaire l’outil", a reconnu le chef de l’Etat. "Il faut qu'il y ait un meilleur suivi des informations locales par les services de renseignement. Et ce qui a été hier défaillant, c'est-à-dire une information qui n'est pas traitée, doit maintenant être réglé. C'est-à-dire que chaque fois qu'une information locale sur un individu peut être évoquée, elle doit être absolument communiquée aux services de renseignements", a insisté le président.
Rapprocher DCRI et DGSE. Le président de la République a aussi affirmé que grâce à son action les services s’étaient déjà rapprochés. "J’ai demandé qu'il y ait une meilleure coopération, elle est établie maintenant, entre la DCRI, c'est-à-dire le renseignement de l'intérieur, et la DGSE, le renseignement de l'extérieur (...) parce qu'on voit qu'il y a des individus qui passent de l'intérieur à l'extérieur ou de l'extérieur à l'intérieur", a rappelé François Hollande. "Donc il faut que cette chaîne de coordination, d'information, de traitement, d'intervention puisse être absolument solidifiée", a-t-il encore insisté.
"Comment faire" ? François Hollande a toutefois trouvé des excuses aux services de renseignement dans l’affaire de La Défense, expliquant que, dans le cas d’Alexandre et de manière plus générale, des profils susceptibles de basculer dans la violence djihadiste, qu'il était difficile d'anticiper le moment du passage à l'acte. "Comment faire ? Avoir des systèmes d'information et puis voir quels sont les réseaux qui se constituent... Parce que souvent ce sont quelques personnes qui à partir d'un certain moment - faut-il encore le détecter - ont la volonté de créer un événement tragique", a-t-il admis. "Il y a nécessairement un environnement, c'est cet environnement qu'il faut connaître", et qui n'est "pas forcément" une organisation terroriste du type Al-Qaïda. Le profil des "loups solitaires", semble-t-il de plus en plus répandu, complique évidemment encore la tâche.
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