Il pensait obtenir le ministère de la Défense. Finalement, il conseillera le chef de l’Etat à l’Elysée. Brice Hortefeux ne s’attendait visiblement pas à devoir quitter le gouvernement. Mais Nicolas Sarkozy ne lui a pas laissé le choix, lors d’une rencontre entre les deux hommes dimanche. "Quand il est ressorti de son entretien avec le président, il était sonné...", a raconté un ministre à Europe1.
"Un travail remarquable"
Pour le remplacer, Claude Guéant, jusqu’alors secrétaire général de l’Elysée. Quant au principal intéressé, il va devenir conseiller de Nicolas Sarkozy dans la perspective de 2012. "Il appellera auprès de lui Brice Hortefeux comme conseiller politique dans un contexte dont chacun peut comprendre qu'il va être éminemment politique dans les prochains mois", a annoncé lundi sur RTL François Fillon, assurant que ce changement de poste n’était en aucun cas une sanction. "Brice Hortefeux a fait un travail tout à fait remarquable mais il sera certainement plus utile auprès du président de la République dans les circonstances qui s'annoncent", a argué le Premier ministre.
Pas de mot pour son ministre
Mais cette affectation sonne bien comme un désaveu pour Brice Hortefeux. D’autant que, selon les informations d'Europe1, Nicolas Sarkozy avait déjà ce scénario en tête depuis trois ou quatre jours. Aussi, lors de son allocution télévisée dimanche soir, le président n’a pas eu un seul mot pour son ministre de l’Intérieur, tout comme il n’a jamais évoqué le nom de Michèle Alliot-Marie, contrainte à la démission.
Finalement, il quitte le gouvernement où il a occupé trois portefeuilles, depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2007. Après avoir passé six mois à la tête du ministère du Travail, Brice Hortefeux avait pris la direction du controversé ministère de l’Immigration et de l’identité nationale.
Condamnation pour injures raciales ?
Comment expliquer l’éviction de ce fidèle de trente ans du président ? Parmi les raisons évoquées, son bilan en matière de sécurité, qui reste mitigé. S’il revendique une baisse de 2,5% de la délinquance en 2010, il reconnaît aussi l'augmentation de 5% des violences contre les personnes. Et à un peu plus d’un an de la présidentielle, Nicolas Sarkozy ne peut pas lésiner sur ce thème sur lequel il devra faire campagne pour faire face à la montée du Front national.
Mais les raisons du départ de Brice Hortefeux ne sont pas uniquement politiques. L’ancien ministre pourrait être condamné en appel pour injure raciale. Après des semaines de polémiques autour de MAM, le chef de l’Etat ne pouvait pas prendre le risque d’une nouvelle contoverse.