Hulot-Joly, un match en trois rounds

Début feutré pour les débats de la "primaire" écologiste © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à

Eva Joly et Nicolas Hulot, candidats à la primaire EELV, se rencontreront trois fois avant le 1er tour.

Réunis autour d'une grande table ovale en chêne, sur fond noir, Nicolas Hulot, Eva Joly et les deux autres candidats à la primaire EELV ont tenté de convaincre les militants lors d'un premier débat lundi soir à Toulouse alors que l'ex-animateur d'Ushuaïa a suscité la polémique ce week-end en tendant la main aux centristes.

Ce débat - retransmis en direct sur le site primairedelecologie.fr - sera suivi de deux autres en attendant le premier tour de la primaire qui aura lieu le 23 juin. Tour d’horizon des forces en présence

Eva Joly, le discours éthique

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Signe caractéristique - Comme son challenger, l’ex-juge a un profil atypique. Eva Joly, 67 ans, est née en Norvège dans un milieu modeste et est venue en France comme fille au pair avant de devenir l’une des plus célèbres juges d’instruction française. Elle met en avant son sens "de l’éthique".

Ses idées - Plus volontiers que son rival, elle met en avant des thèmes susceptibles de séduire l'électorat de gauche, comme le rétablissement du droit à la retraite à 60 ans ou la possibilité d’un pacte de gouvernement avec la gauche. Elle prône également pour la sortie du nucléaire.

Point fort - Pour certain, elle est la candidate du parti soutenue par les ténors du parti comme Cécile Duflot.

Point faible - Le ton parfois glaçant de l'ex-juge suscite l'ironie du camp Hulot. Les partisans d'Eva Joly ont tenté d'humaniser son image en faisant de ses éternelles lunettes rouges un logo. Mais l’opération séduction a du mal à prendre corps.

Premier tacle - Les propos de Nicolas Hulot sur un hypothétique rapprochement avec Jean-Louis Borloo ont suscité des crispations chez le camp Joly, ce week-end au congrès de La Rochelle. Jugeant que le patron du Parti radical était "le clone" de Nicolas Sarkozy, l'eurodéputée EELV a aussitôt tenté de profiter de la "boulette" de celui qui venait de passer un mois à répéter que ses "valeurs" étaient bien "de gauche".

Nicolas Hulot, l’ultra-médiatique

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Signes caractéristiques -Ex-animateur-star de TF1,Nicolas Hulot a lui aussi un profil atypique. A 56 ans, il supplante légèrement Eva Joly dans les sondages.

Ses idées - Pour l’instant, ses idées restent floues. Le week-end dernier, il a montré son attachement aux valeurs de gauche, sans fermer la porte à la confédération des centres de Jean-Louis Borloo : "Je me reconnais spontanément depuis longtemps dans les valeurs de la gauche. En demandant la confiance d'Europe Ecologie Les Verts, je choisis un camp. Pour autant, ce qui m'intéresse, c'est de convaincre des gens d'où qu'ils viennent, et surtout ceux qui ne sont pas convaincus". Et de préciser : "Je suis écologiste et humaniste, et c'est bien au-delà des clivages gauche-droite".

Point fort - Il a fait de la notoriété née d’Ushuaïa, créée en 1987, un de ses atouts. Adepte du ni droite ni gauche, il se présente comme un rassembleur. A la direction du parti, on estime que six écologistes sur dix n’ont pas encore arrêté leur choix. Une aubaine pour Nicolas Hulot qui multiplie les déplacements.

Point faible -Le candidat ultra-médiatique ne dispose pas de forts soutiens au sein du parti Europe-Ecologie-Les Verts. Il part dans la primaire avec le handicap d’apparaître aux yeux des militants comme le salarié de TF1, relai des grandes entreprises qui ont soutenu sa fondation. Par ailleurs, l'allure sportive et bronzée de Nicolas Hulot est régulièrement moquée par le camp Joly, qui voit le personnage comme superficiel. "C'est assez courant de confondre popularité et crédibilité", a par exemple assené Eva Joly samedi.

Premier tacle - Dimanche, Nicolas Hulot a, pour la première fois, légèrement taclé son adversaire. "Il y a ce que je dis et ce qu'on me fait dire", le camp d'en face en a déduit "que j'étais là pour faire en sorte qu'à un moment ou à un autre on fasse une alliance avec la droite", a-t-il déploré.
Or, explique son entourage, ses déclarations "maladroites" sur Jean-Louis Borloo n'avaient qu'un objectif : montrer que le promoteur du Pacte écologique de 2007 veut "rassembler" au-delà des seuls écologistes déjà convaincus.

Outre ces deux favoris de la primaire, le président de l'Observatoire du nucléaire, Stéphane Lhomme, et l'élu alsacien Henri Stoll sont les deux autres candidats de cette primaire.