Le suspens a été levé mercredi matin, Nicolas Hulot est bien candidat pour la présidentielle de 2012. L’animateur d’Ushuaïa a dévoilé ses ambitions présidentielles à Sevran, en Seine Saint-Denis. Une heure plus tard, dans une interview au Nouvel Observateur à paraître jeudi, il a précisé qu’il participerait bien à une "primaire de l’écologie", c'est à dire au sein du parti Europe Ecologie-Les Verts. De quoi semer le trouble dans son camp et susciter de vives réactions dans l'ensemble de la classe politique.
"Je n’ai pas pris position"
Yves Cochet, un de ses partisans, a confirmé que Nicolas Hulot ne la jouerait pas bande à part : "il n'y aucun problème d'aventure isolée et individuelle de Nicolas". Il va "bien évidemment rencontrer les militants d'EELV et d'autres. Et puis ensuite il y aura les primaires".
L'animateur de TF1 va donc faire face à Eva Joly, qui a déjà révélé ses ambitions pour 2012. La candidate aux primaires d'Europe Ecologie-Les Verts n'a pas perdu de temps pour rentrer dans la bataille. Interrogée par le Bondy Blog sur ce qui la différencie de Nicolas Hulot, elle a répliqué : "mes combats parlent pour moi, je suis quelqu’un qui a combattu pour l’égalité devant la justice, pour plus de justice entre le Nord et le Sud depuis 15 ans. Je ne suis pas une nouvelle venue".
Et entre les deux candidats, José Bové a assuré qu’il n’avait pas encore fait son choix : "je n'ai toujours pas pris position et je pense que ce n'est pas mon rôle aujourd'hui de prendre position", a estimé mercredi l’eurodéputé sur RTL. "Je me félicite que nous ayons deux candidats pour représenter Europe Ecologie et les écologistes en général", a-t-il ajouté.
"A l’opposé de la majorité actuelle"
Côté socialiste, on tient surtout à souligner le fossé idéologique qui sépare le discours de Nicolas Hulot de celui de la majorité : "Nicolas Hulot veut être le candidat des écologistes. Les écologistes sont à gauche. Donc tirez-en la conclusion que Nicolas Hulot est un candidat qui, s'il était désigné par les écologistes, se situerait non seulement dans l'opposition mais dans la préparation de l'alternance, c'est-à-dire du changement en 2012", a résumé François Hollande.
Et le candidat déclaré aux primaires socialistes ne veut pas perdre de temps en vue du second tour de la présidentielle : "la meilleure façon de préparer ce moment, c'est de conclure assez tôt un contrat de gouvernement entre les socialistes et les écologistes (...) de façon à ce qu'il n'y ait aucune ambiguïté sur l'attitude qui sera celle du candidat écologiste à l'élection présidentielle".
L'analyse est similaire pour le député socialiste Jean-Marie Le Guen : "je constate que (Nicolas Hulot) se situe à l'opposé de la politique de la majorité actuelle", relève-t-il. "Il lui reste néanmoins à préciser la nature de son engagement stratégique et il lui faudra bien convaincre ses amis d'EELV et s'engager, avant même la présidentielle, à bâtir un projet commun avec son seul allié possible, le PS et son candidat", écrit aussi ce proche de DSK dans un communiqué.
Le Pen évoque une rencontre avec Hulot
Plus surprenant, Marine Le Pen a jugé le projet de Nicolas Hulot "compatible" avec celui du FN : "on a relu avec mes conseillers le projet qu'il avait fait en 2007, son projet de programme: il y a énormément de choses qui sont tout à fait compatibles avec le projet du Front national", a assuré mercredi la présidente du Front national sur LCI.
Selon elle, le projet de Nicolas Hulot "est très, très, très éloigné de ce que j'entends de la part des Verts". "Le projet de 2007, incontestablement, et sur beaucoup de points, est plus proche du projet qui est le mien que de celui qui est exprimé par Mme Duflot et par M. Placé", a-t-elle osé. Marine Le Pen a même évoqué l'idée d'une rencontre avec Nicolas Hulot, estimant que dans la famille écologiste, "c'est probablement un des moins sectaires".
A droite comme à gauche, le candidat écologiste préféré des Français pourrait donc être un atout intéressant pour le second tour de la présidentielle. Mais Nicolas Hulot a déjà prévenu : "dans mon esprit, il n'y aura aucun soutien automatique à qui que ce soit".