Le candidat malheureux de la primaire écologiste en a gros sur le cœur. Trois semaines après sa défaite face à Eva Joly, Nicolas Hulot est sorti de sa réserve dans le magazine Bretons vendredi. L'ex-animateur revient longuement sur les causes de cet échec. L'occasion pour lui de pointer du doigt l'appareil d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et ses militants.
"Pas très envie d'y rester"
Nicolas Hulot qualifie d'"immense gâchis" sa défaite contre Eva Joly. "On a tout fait pour me compliquer la tâche : le calendrier, le périmètre de vote. Moins d’un quart des gens inscrits sur mon site ont pu voter tellement la procédure était compliquée (...)", accuse-t-il. "On a commencé à voter immédiatement après la fin du premier tour, alors que dans n’importe quelle élection à deux tours, il y a toujours un délai. C’est de la folie", poursuit-il.
De là à couper les ponts avec la formation écolo, il n'y a qu'un pas. "Il vaut mieux que je reprenne une autre forme d'engagement", confie Nicolas Hulot. "Le moins qu’on puisse dire, c’est que cela ne donne pas très envie d’y rester", ajoute l'ex-animateur.
Tout le monde en prend pour son grade
Visiblement très remonté, Nicolas Hulot n'est pas en reste concernant la grande gagnante de la primaire. "Eva Joly a été incapable de s’affranchir des attaques", estime-t-il, reprochant à l'ancienne magistrate de n'avoir "pas eu un mot" lorsqu'il avait reçu d'un militant un seau d'épluchures sur la tête, lors d'un déplacement le 9 juillet.
L'écologiste ne cache pas non plus une certaine amertume. "(...) A quoi bon me faire la danse du ventre pendant des années pour que je vienne les rejoindre ? C’est tout le paradoxe de leur attitude", regrette Nicolas Hulot.
"De Jean-Vincent Placé à Dany Cohn-Bendit, en passant par Cécile Duflot et Noël Mamère, ils n’ont eu de cesse de me demander de les rejoindre. Mamère m’a dit que j’étais le seul candidat possible. Et pourtant, il fut le premier à m’envoyer des banderilles à partir du moment où je me suis présenté. À un moment, je ne sais pas quel diplôme de psychologie il faut avoir pour comprendre leur fonctionnement", insiste-t-il.
Début de rétropédalage ?
Les intéressés n'ont pas tardé à réagir. Dans un entretien au JDD.fr, l'ex-candidate à la présidentielle des Verts, Dominique Voynet, a jugé le positionnement de Hulot "sévère et insultant vis-à-vis de militants qui, pour beaucoup, ont accepté de choisir un candidat qui n’était pas issu du sérail", en l'occurrence Eva Joly. "Il a torpillé la dernière campagne" présidentielle en ne soutenant pas les Verts, "je ne peux pas croire qu’il puisse recommencer", a ajouté Dominique Voynet.
Noël Mamère a de son côté expliqué au JDD.fr ne pas vouloir "mettre un petit doigt" dans cette polémique, qu'il juge "vaine et inutile". "Je n'ai pas à commenter les propos d'un homme qui est victime de son amertume", a poursuivi le député écologiste, soutien d'Eva Joly.
De quoi pousser Nicolas Hulot à une nouvelle mise au point. Ce dernier s'est défendu vendredi de toute volonté de régler ses comptes avec EELV. "Je suis désolé si effectivement on lit mes mots à travers la rancœur ou avec une idée de régler mes comptes, ce n'est pas du tout l'état d'esprit dans lequel je suis", a-t-il déclaré sur RTL, affirmant que "la rancoeur et l'amertume ne font pas partie de (ses) sentiments". Mettant en avant que l'interview au mensuel a été faite à "un moment très particulier, juste avant les résultats du 2ème tour", il admet avoir prononcé "un certain nombre de mots qui, sortis de leur contexte, peuvent paraître un peu durs".