Comme tous les Français, les hommes politiques ont eu droit à quelques jours de vacances. Certains ont continué à exister médiatiquement, quand d’autres ont coupé leurs téléphones et profité des beaux jours. L’année 2012/2013 a été chargée, mais l’heure de la rentrée a sonné pour tout le monde.
Valls, un clash et un recadrage. C’était son été. Ou pas. Omniprésent sur le terrain - et dans les médias - pendant les vacances, Manuel Valls ne s’est pas économisé. Le ministre de l’Intérieur a mis sur la place publique des sujets traditionnellement tabous dans son camp : laïcité, politique migratoire et sécurité. Une stratégie qui lui a causé quelques soucis avec ses camarades du gouvernement. Son clash ultra-médiatisé avec Christiane Taubira sur la future réforme pénale aura été le point culminant du "Valls bashing".
Le ministre préféré des Français a de l’ambition, et cela agace jusqu’à l’Elysée. En clôture de l'université d'été à La Rochelle, le week-end dernier, Jean-Marc Ayrault a donc tenu à remettre les pendules à l’heure : le patron, c’est lui. "Chaque fois que le débat est sur la place publique avant d'avoir été tranché entre nous, c'est une faute contre notre collectif", a averti le Premier ministre, sans citer son ministre de l’Intérieur, qui, soyons-en sûrs, a toutefois compris le message. "Je vois des clubs et parfois des mini-clubs se créer. J'entends des prises de position qui donnent quelques secondes de visibilité à leurs auteurs. Mais j'entends surtout des Français qui ne goûtent pas toutes nos subtilités et qui ne retiennent qu'un sentiment de flou", a-t-il encore déclaré.
Un recadrage en règle qui, certes, ne concernait pas que Manuel Valls. Mais dans les semaines à venir, le ministre de l’Intérieur a intérêt à ne plus franchir la ligne jaune. Et surtout pas dans le prochain débat sur la politique pénale…
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Taubira, un couac et une ovation. Elle fut la victime collatérale de la stratégie d’omniprésence médiatique de Manuel Valls. En lisant la lettre envoyée à François Hollande par son collègue de l’Intérieur - dans laquelle il fustigeait son projet de loi pénale -, la ministre de la Justice a manqué de s’étouffer. Comme d’autres ministres lors du séminaire de rentrée gouvernementale, lorsqu’ils ont entendu leur collègue remettre en question la politique de regroupement familial. "Je vous confirme que le président de la République a estimé que la politique migratoire et le regroupement familial ne faisaient pas partie des débats de cette rentrée", a assuré Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement au sortir d’un conseil des ministres. Un recadrage en règle qui a dû redonner le sourire à Christiane Taubira.
Histoire de finir l’été en beauté, la garde des Sceaux s’est également offert une ovation lors des journées d’été d’Europe Ecologie - les Verts, avant de voler la vedette à… Manuel Valls lors de l’université d’été du Parti socialiste, à La Rochelle. Très applaudie à la tribune, Christiane Taubira a également avancé ses pions en matière de réforme pénale en annonçant la création de cette "peine de probation" qui déplait tant à Manuel Valls. Un Manuel Valls qui, lui, a dû se justifier : "le ministre de l’Intérieur, il est de gauche, il est socialiste et il est fier de l’être!" Autant dire que la ministre de la Justice est requinquée avant de présenter officiellement son projet de loi, dans le courant du mois de septembre.
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Ayrault, un chef, un vrai. Pendant les (courtes) vacances de François Hollande, il a mené le bateau France, seul comme un grand. Revigoré par ses vacances, Jean-Marc Ayrault a multiplié les visites de terrain et reçu des enfants à Matignon pour une opération de communication soigneusement menée. Le Premier ministre, malmené la première année, va mieux et il veut que ça se sache. Les couacs perdurent ? Il recadre en public, et convoque Andy Wharol en privé : "chacun aura droit à quinze minutes de célébrité" sauf que, "pour certains, ce n'est pas une fois dans leur vie, c'est le plus souvent possible".
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Alors que son ministre de l’Intérieur avait déjà annoncé sa venue à Marseille après un énième règlement de comptes sanglant, Jean-Marc Ayrault a repris la main en annonçant sa visite le même jour dans la cité phocéenne, accompagné de plusieurs ministres… dont Manuel Valls. "Alors, c’est qui le patron ?" Mais après cet été réussi, le Premier ministre sait qu’il se prépare quelques nuits blanches avec deux dossiers brûlants : la réforme des retraites et l’élaboration du budget 2014.
Mélenchon, une radicalité qui dérange. Il s’est fait une spécialité de taper sur ses anciens camarades du Parti socialiste, lui l’ancien ministre de Lionel Jospin. Pour sa rentrée médiatique, Jean-Luc Mélenchon avait choisi de s’exprimer longuement dans le Journal du Dimanche. Avec deux cibles toutes trouvées : Manuel Valls, "contaminé par le FN", et François Hollande, qui "pratique une politique de droite" et "a plongé notre pays dans la déprime".
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La contre-attaque des socialistes était attendue. Celle de Pierre Laurent, allié de Jean-Luc Mélenchon, beaucoup moins. Dans un entretien à Libération, le patron des communistes a regretté "la provocation et l'invective" dont est si friand son collègue du Front de gauche. Jean-Luc Mélenchon s'est dit "très déçu" par les propos de Pierre Laurent. Lors de son discours de clôture du "Remue-méninges" de « son » Parti de gauche, le tribun a estimé qu’ "on ne gagne rien au rôle de tireur dans le dos". Et rappelé son partenaire Pierre Laurent à un "devoir de respect mutuel et de solidarité". Lequel a regretté des propos "inutilement blessants". Rien ne va plus au Front de gauche. "Ils vont continuer à se taper dessus encore quelque temps, puis ils recolleront les morceaux après les municipales", prophétise sur Europe1.fr Eddy Fougier, politologue spécialiste de l’extrême-gauche.
Copé, l’affranchi. Et la droite, me direz-vous ? Après une année compliquée marquée par deux lourdes défaites électorales et le psychodrame hivernal pour la présidence du parti, les ténors de l’UMP avaient besoin de se reposer. Ce qui n’a pas empêché Jean-François Copé de lancer un pavé dans la marre en ouvrant grand la porte à un inventaire des années Sarkozy. Les proches de l’ancien président s’étranglent. Lui a décidé de s’émanciper, agacé par les critiques récurrentes de Nicolas Sarkozy à son égard.
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Dimanche dernier, lors de son grand meeting de rentrée, à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), devant plus de 2.000 personnes, Jean-François Copé a prononcé un discours très offensif, et délivré ce qui ressemble déjà à un programme. Alors François Fillon se prépare activement pour la primaire de 2016, le patron de l’UMP ne veut pas être en reste. Au cas où…