En matière d’immigration, le programme de Claude Guéant peut se résumer assez simplement : de plus en plus d’expulsions de clandestins, et de moins en moins d’entrées autorisées sur le territoire. Le bilan immigration 2011 qu’a présenté le ministre de l’Intérieur mardi reflète cette tendance. Et l’objectif affiché pour 2012 va dans le même sens.
Objectif 35.000 expulsions en 2012
Les sorties d’abord. Un total de 32.922 étrangers ont été expulsés de France en 2011, a annoncé Claude Guéant. "Ce chiffre est supérieur de 5.000 à celui de 28.000 initialement fixé. C'est le plus élevé jamais atteint", s’est félicité le ministre lors d’un point presse. Cet écart s’explique en grande partie par le "printemps arabe", à cause duquel le nombre des arrivées irrégulières a explosé. C’est surtout vrai pour les Tunisiens, qui ont transité par l’Italie. Selon une étude parue dans le dernier numéro des Cahiers de la sécurité, le nombre des Tunisiens arrêtés à la frontière franco-italienne en 2011 a bondi de… 1.789%
Pour 2012, Claude Guéant vise encore plus haut. L’objectif du gouvernement, a affirmé le ministre de l’Intérieur, sera de 35.000 expulsions.
De 200.000 à 150.000 entrées en 2012
Les entrées maintenant. Toujours selon les chiffres avancés par Claude Guéant, 182.595 premiers titres de séjour ont été délivrés l'an dernier contre 189.455 en 2010, soit une baisse de 3,6%. Dans le détail, l'immigration professionnelle a reculé de 26% sur un an et l'immigration familiale de 14%, selon le ministre de l'Intérieur.
Là encore, la place Bauveau ne compte pas s’arrêter là. Claude Guéant, qui avait déjà annoncé vouloir faire baisser de 200.000 à 180.000 le nombre des étrangers admis chaque année dans le pays, a revu ses ambitions à la hausse. "Je propose de poursuivre la politique de régulation quantitative des flux migratoires", a déclaré le ministre, en plaidant pour un débat annuel au parlement pour fixer des objectifs chiffrés en matière de titres de séjour. "Cette nouvelle méthode doit nous permettre de revenir au niveau des flux migratoires constatés au milieu des années 90, c'est-à-dire 150.000 titres, avant la perte de contrôle de la politique migratoire", a-t-il précisé.
"Ce satisfecit a quelque chose de dérangeant"
Ce nouveau tour de vis n’arrive évidemment pas n’importe quand. Dans trois mois aura lieu l’élection présidentielle, et l’immigration pourrait tenir une bonne place pendant la campagne. D’autant que la pression de Marine Le Pen se fait sentir. La candidate frontiste a accusé Claude Guéant de "mensonges" sur les étrangers accueillis par la France en 2011. Une accusation que le ministre de l’Intérieur a tenté de balayer mardi, chiffres à l'appui.
Le Parti socialiste n'a pas tardé à réagir. "Ce satisfecit a quelque chose de dérangeant, car, au-delà des chiffres, il y a des hommes et des femmes, et des drames humains, et on ne peut s’empêcher de penser que les étrangers sont devenus pour monsieur Guéant un enjeu de surenchère électorale vis-à-vis du Front national", écrit le PS par la plus de François Rerbsamen.