"Taxer à hauteur de 75%" les très gros revenus : la proposition faite, lundi soir lors de l'émission Paroles de candidat sur TF1, par François Hollande a surpris. Et pas seulement dans l’opposition.
La mesure a, en effet, provoqué un certain "flottement" dans le staff de campagne du candidat. A l’image de Jérôme Cahuzac, chargé du budget dans l'équipe socialiste, admettant, quelques minutes après l’intervention de François Hollande, ne pas être au courant de la mesure.
"Permettez-moi d'être circonspect"
"Vous m'interrogez sur une déclaration que pour ma part je n'ai pas entendue", a ainsi lâché, hébété, Jérôme Cahuzac sur France 2 lors de l'émission Mots croisés, alors qu’on lui demandait de préciser la nature de cette nouvelle tranche d’impôts impactant les revenus "au-dessus d'un million d'euros par an".
"Je ne sais trop que vous dire. Vous me permettrez d'être plus circonspect que vous ne semblez ne l'être. J'attends de voir un peu ce qu'il en est vraiment", a encore ajouté le président de la commission des Finances à l'Assemblée, supposé être source de propositions pour François Hollande sur toutes ces questions.
"Cahuzac, coucou il faut se réveiller !"
Sa surprise, en direct, a eu le don d’agacer ses camarades : "Cahuzac coucou il faut se réveiller ! La gauche existe encore", a ainsi trépigné, sur le réseau social Twitter, la sénatrice socialiste de Paris et ancienne ministre, Marie-Noëlle Lienemann.
Alors y a-t-il eu improvisation ou cafouillage au PS ? Pas le moins du monde, a répondu Ségolène Royal, mardi matin sur i-Télé, jurant que la proposition avait été débattue et retenue au sein d'un conseil restreint des proches de Hollande.
"Pas d'improvisation", selon Royal
"Ce n'est pas une improvisation, nous en avons débattu puisque nous nous voyons en conseil politique restreint tous les 15 jours. Notre candidat, au fur et à mesure de ses rencontres avec les Français prend la mesure du creusement des inégalités, qui est un des fléaux de la société française", a insisté la présidente de Poitou-Charentes.
Pas de quoi convaincre les adversaires de François Hollande pour qui l'aveu surprenant de Jérôme Cahuzac est une occasion rêvée de railler le manque de cohésion et d'organisation du staff de François Hollande.
Dès lundi soir, sans grande surprise donc, l'UMP ironisait - par la voix de son secrétaire national Geoffroy Didier - sur "l'impréparation totale du programme économique du candidat", tandis que le centriste François Bayrou notait, mardi matin, que "le déconnomètre fonctionne à plein tube" dans l'équipe Hollande.