L'INFO. Opérations mains propres au FN. Trois anciens candidats aux municipales devraient, sans surprise, être exclus du FN, lors de leur audition, mardi, devant la commission de discipline du parti. Anne-Sophie Leclere, François Chatelain et Joris Hanser devront s'expliquer sur des dérapages racistes qui ont déjà conduit le parti à les suspendre en attendant leur plus que probable exclusion.
Marine Le Pen a le dernier mot. Concrètement, les trois brebis galeuses du FN se retrouveront en face à face avec les neuf membres qui composent ce mini-tribunal. Parmi ses membres, des personnalités du FN : Jean-Marie Le Pen, le secrétaire général du FN Steeve Briois ou encore le député européen Bruno Gollnisch. La commission rendra un avis sur chaque fautif mais c'est Marine Le Pen, en tant que présidente du FN, qui prendra en dernier ressort la décision de les exclure ou pas.
Un cas médiatique. Anne-Sophie Leclere était censée incarner ces nouveaux visages du FN, mis en avant par le parti en vue des municipales. Un reportage télé plus tard, la tête de liste investie à Rethel, dans les Ardennes, a été suspendue du parti pour des propos racistes contre la ministre de la Justice Christiane Taubira. Face caméra, dans un reportage de l'émission "Envoyé spécial" diffusé le 17 octobre, Anne-Sophie Leclère avait défendu un photomontage postée sur sa page Facebook montrant une photo d’un bébé singe et une photo de Christiane Taubira côte à côte, avec les mentions "A 18 mois" et "Maintenant". "Franchement c'est une sauvage, arrivant à la télé avec un sourire du diable", s'était justifiée la jeune commerçante, assurant (sic) que ses propos n'avaient rien de "racistes".
Deux autres exclusions en vue. François Chatelain, candidat aux municipales de Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, passera, lui aussi, devant la commission de discipline du parti, en vue de son exclusion. Cet espoir du FN, âgé de 29 ans, s'était vu retiré son investiture après avoir publié sur sa page Facebook une photo d’un drapeau israélien en feu, avec inscrit à côté "Ici, c'est la France". Joris Hanser, tête de liste à Rixheim, dans le Haut-Rhin, a accumulé les dérapages à la fois sur Facebook et sur son compte Twitter. "A Brignoles, ce matin, die Ausweise (papiers d'identité) étaient à retirer en sous-préfecture", avait-il écrit sur le réseau social, après la victoire du candidat FN à Brignoles. Le jeune homme, qui avait lui-même annoncé son éviction sur sa page Facebook, le 7 novembre, faisait alors profil bas, assurant qu'il continuerait à militer pour le FN. Pas sûr que ce dernier soit d'accord.
Des dérapages impossibles à contrôler. Entre ces dérapages racistes et les défections récentes de trois candidats FN aux municipales, le parti voit mise à mal sa stratégie de dédiabolisation. Pour le spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus, le FN ne peut pas se débarrasser du jour au lendemain "d'une ambiguïté fondamentale qui tient à ce que des gens y adhèrent en pensant que le parti les autorisera à aller plus loin que ce qu'il peut tolérer".
"L'entreprise de normalisation se heurte à la différence qui existe souvent entre le discours de la base, quand elle se libère un peu, et l'extrême polissage du discours qui a été imposé par Nanterre (siège du parti-NDLR) à toutes les fédérations, à toutes les sections, à tous les candidats", conclut le politologue, dans un entretien à Reuters. Et comme le soulignait Arnaud Mercier, politologue spécialiste des réseaux sociaux, "fermer le robinet numérique", autrement dit interdire les réseaux sociaux aux candidats FN, relève de la mission impossible.