Le contexte. Comment Christiane Taubira vit-elle les insultes et attaques racistes dont elle est victime depuis des semaines ? "Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane", titre sur sa Une l'hebdomadaire Minute, à paraître mercredi, signant ainsi une nouvelle attaque jugée raciste contre la garde des Sceaux. Selon Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1, ça commence à devenir humainement très compliqué, et ce depuis le vote de la loi autorisant le mariage pour tous.
Protégée sept jours sur sept. La plupart des ministres n’ont pas d’officier de sécurité. Christiane Taubira en a… neuf à son service. Le dispositif a tout simplement été doublé depuis le vote de la loi. La garde des Sceaux est protégée sept jours sur sept et ne peut plus faire deux pas toute seule dans la rue. Faire son marché - ce qu’elle adore -, c’est terminé. Ses proches ont conscience que cela lui pèse, qu’elle n’a plus une vie normale. Mais elle, elle l’accepte et encaisse.
Des cercueils reçus par La Poste. Pourtant la pression est quotidienne. Chaque jour quand, lorsqu'elle arrive au ministère, Christiane Taubira tombe sur les veilleurs : des manifestants contre le mariage pour tous plantés place Vendôme depuis le printemps dernier. "On se sent sous un regard permanent. On ne pensait pas qu’ils passeraient l’été", confie à Europe1 une proche de la ministre. Puis il y a aussi les courriers d’insultes au milieu des lettres de soutien, les petits cercueils qu’elle a reçus par La Poste. "On vit avec, on ne fait plus attention", assure un collaborateur. Les déplacements sont également devenus un casse tête. Il y a 10 jours, c’est le cabinet de Manuel Valls en personne qui l’a prévenue qu’elle aurait un comité d’accueil virulent à Nanterre.
La contre-attaque sur internet. Outre les dangers qui pèsent sur sa personne, il y a donc les attaques racistes. Le week-end dernier, l’antenne du PS d’Autun, en Saône-et-Loire, a été tagué avec ces mots : "Allo Taubira, t’as la banane". Depuis longtemps, les services de la ministre avaient identifié la haine et le racisme des commentaires sur les sites et les forums. Déjà en septembre, ils avaient renforcé la présence de la chancellerie sur les réseaux sociaux pour organiser la parole de ceux qui admirent la ministre. Car pour certains, elle est tout de même devenue une icône.