L'INFO. Chargé de désamorcer la crise des intermittents, le médiateur Jean-Patrick Gille a été reçu jeudi par Manuel Valls. Après avoir reçu son rapport, le Premier ministre a multiplié les annonces, alliant fermeté et signes d'apaisement : oui, la réforme de leur assurance-chômage sera appliquée, mais en repoussant sa mesure la plus contestée et en sanctuarisant les budgets. la CGT-Spectacle n'a pas été convaincue et appelle à poursuivre le mouvement.
Le principe : la réforme sera appliquée. "Je le confirme, cette convention doit être agréée et elle sera agréée par le gouvernement. Il y va du respect de la signature des partenaires sociaux majoritaires qui l'ont signée", a prévenu Manuel Valls. officiellement, le gouvernement reste donc ferme. Mais il multiplie aussi les signes de bonne volonté pour apaiser les intermittents et sauver les festivals d'été.
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Mais l'Etat "allège" la mesure la plus contestée. Au-delà du message principal, Manuel Valls a immédiatement ajouté que "les intermittents concernés ne verront pas de changement de leur situation par rapport à la situation actuelle". En effet, l'Etat prendra à sa charge le "différé d'indemnisation", la mesure la plus contestée : les intermittents dénonçaient cette mesure qui rallonge le délai de carence entre la perception des derniers revenus et le versement des allocations-chômage.
"L'Etat s'engagera dès le 1er juillet, il prendra lui-même en charge ce différé, c'est-à-dire qu'il le financera pour que Pôle Emploi n'ait pas à l'appliquer aux intermittents concernés", a déclaré le Premier ministre, parlant d'un geste "d'apaisement". Qui devrait tout de même coûter 90 millions d'euros en année pleine.
Et un effort sur le budget de la création. Deuxième geste de bonne volonté : le Premier ministre a annoncé que le budget alloué au spectacle vivant et à la création artistique serait maintenu pour les trois années à venir, jusqu'en 2017. Il a tenu à souligner qu'il s'agissait d'un "effort très significatif", fait "en plein accord avec le président de la République".
Une réflexion globale pour préserver l'avenir. Par ailleurs, Manuel Valls a annoncé un mission pour rédéfinir le statut des intermittents. Une équipe, à laquelle participera l'actuel médiateur, devra plancher sur un nouveau cadre. "Il nous faut rompre avec ce cycle infernal de crises et de tensions" sur cette question pour mettre en place "un cadre enfin sécurisé et stabilisé", a-t-il déclaré, avant de conclure : "il va falloir inventer, innover, créer, les conditions d'une nouvelle donne pour l'intermittence".
Les intermittents continuent le combat. Malgré cette réponse toute en nuances, le mouvement des intermittents ne semble pas convaincu. Il ne s'agit que de "mesurettes", a jugé la CGT-Spectacle, qui annonce un "probable préavis de grève" pour le 1er juillet. "Il est probable que nous déposions un préavis de grève", "on verra quelle forme il prendra", car "l'épée de Damoclès est toujours là, c'est une manoeuvre pour passer l'été", a prévenu le secrétaire général Denis Gravouil.
"La grande discussion qu’il appelle de ses voeux, pourquoi n’a-t-elle pas eu lieu avant ? s'interroge de son côté Samuel Churin, acteur très engagé dans le mouvement., au micro d'Europe 1. Là, ils vont signer un accord et dire ensuite qu’ils vont discuter. C’est impossible une chose pareille. On ne se contentera pas de miettes, de toilettage. Il faut tout remettre à plat et on ne pourra pas discuter si l’agrément est prononcé. Si l’agrément est prononcé, Manuel Valls en payera toutes les conséquences.”
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