Quelques heures après la deuxième vague d'arrestation dans les milieux islamistes en moins d'une semaine, les réactions sont vives dans la classe politique. Le candidat du MoDem à l'Elysée a dénoncé toute "forme publicitaire et mise en scène" après le coup de filet de mercredi. "Que l'Etat assume sa responsabilité en mettant sous contrôle ou en interdisant des rassemblements ou bandes qui seraient soupçonnées, c'est bien. Que ça se fasse devant les journalistes convoqués, les caméras, je trouve ça plus étonnant", a réagi François Bayrou.
Les autorités auraient "pu peut-être faire davantage avant"
Même réaction au Parti socialiste. "Moi je suis pour la fermeté, pas pour le spectacle et je suis toujours choquée de voir que les télévisions sont là", a commenté Martine Aubry. La Première secrétaire du PS a par ailleurs jugé "étonnant" que ces arrestations dans les milieux islamistes interviennent "juste après l'affaire Merah".
Un étonnement que partage François Hollande. Le candidat socialiste à l'Elysée a estimé que les autorités françaises auraient "dû, pu peut-être faire davantage avant" les tueries de Toulouse et Montauban. "S'il y a des soupçons, s'il y a des risques, ils doivent être conjurés. Ce qui peut surprendre c'est pourquoi le faire après un acte terroriste qui a, c'est vrai, profondément affecté les esprits", s'est-il interrogé sur RTL.
Un hasard du calendrier ?
Sur le tempo des interpellations, Philippe Douste-Blazy est aussi monté au créneau. "Lorsque l'on fait des arrestations de terroristes, ou de présumés terroristes, tous les jours dans ce pays, je me dis : 'c'est bizarre, il y a 6 mois il n'y avait pas cela", a déclaré l'ancien ministre sur BFM TV. "Je trouve bizarre, à trois semaines d'une élection, (que) tous les jours on fasse des descentes pour aller chercher des gens en disant (qu') ils sont suspects", a poursuivi le soutien du centriste François Bayrou.
"Jusqu'au dernier jour, le mandat sarkozyste aura été le quinquennat de la gesticulation électoraliste. Les arrestations ultra-médiatisées d'islamistes quelques semaines à peine avant le premier tour le rappellent aux Français", a par ailleurs déploré le directeur stratégique de la campagne de Marine Le Pen.
"Nos compatriotes n'ont pas oublié que la même agitation a caractérisé l'ensemble du mandat Sarkozy, par exemple au sujet des Roms à l'été 2010, sans que rien en réalité ne change, au contraire. Les camps de Roms sont toujours là, les bidonvilles se multiplient aux abords des grandes villes, et la libre circulation totale au sein de l'Union européenne n'a en aucune façon été remise en cause", a analysé Florian Philippot. "Il en est évidemment de même concernant l'islamisme radical, qui a prospéré comme jamais ces cinq dernières années", a estimé le frontiste.
Huit arrestations
Huit islamistes radicaux présumés ont été interpellés dans plusieurs villes de France mercredi matin lors d'une nouvelle opération policière, selon les informations révélées par Europe 1. Elle vise des personnes susceptibles de s'être rendues en Afghanistan ou au Pakistan ou de vouloir s'y rendre pour mener le djihad.