Une opération séduction en bonne et due forme. Les acteurs de la candidature française à l'Exposition universelle de 2025 ont détaillé jeudi leur projet. Une manière de rythmer la campagne médiatique face à une autre candidature possible, celle de Paris aux Jeux olympiques 2024. Entre les deux projets, Anne Hidalgo hésite. Et la maire PS de Paris a pour l'instant décidé… de ne pas décider.
Anne Hidalgo avait d'abord affiché une nette préférence pour l'Expo 2025, ne cachant pas ses réserves lorsque François Hollande s'est déclaré favorable, en novembre, à une candidature parisienne au JO 2024. Depuis, l'édile a mis de l'eau dans son vin. "Mon cœur est plutôt sur le sport et les Jeux, j'en aurais vraiment envie", a-t-elle affirmé en février sur BFMTV, tout en attendant des précisions sur "le modèle économique, l'empreinte écologique et la gouvernance qui sera mise en place".
Laisser prospérer les deux projets. Quid alors de l'Exposition universelle 2025 ? En novembre, le Conseil de Paris, sur proposition de la maire, a soutenu à l'unanimité la candidature française. Ce projet ne risque-t-il pas de télescoper la candidature olympique, à seulement un an d'écart ? Pour l'instant, Anne Hidalgo observe, prudente. "L'idée est de laisser prospérer les deux projets", indique-t-on à la mairie de Paris. "A ce stade, il n'y a ni incompatibilité, ni concurrence".
Sur le fond, le débat est compliqué à trancher, chaque camp ayant de solides arguments à faire valoir. Côté JO, le rapport d'opportunité publié en février met en avant une candidature "financièrement responsable", tandis que les partisans de l'Exposition universelle assurent que celle-ci serait organisée sans recourir aux fonds publics. Les deux camps soulignent aussi les bénéfices importants en termes d'image et de retombées économiques, avec plusieurs millions de visiteurs à la clé.
Attention à "l'indigestion". La concomitance des évènements pourrait toutefois obliger Anne Hidalgo à choisir son camp. "C'est une question qui mérite vraiment d'être posée, parce qu'il ne faut pas qu'il y ait une indigestion d'ambitions événementielles de la France, avec la confusion que cela pourrait générer dans l’opinion", souligne dans L'Opinion le député UDI Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly et président de l'association ExpoFrance 2025.
JO, Expo ou les deux ? En cette période de disette budgétaire, le verdict dépendra surtout de l'attitude des entreprises concernées : mettront-elles la main au pot ? "Le nerf de la guerre, c'est le financement. La position des acteurs économiques du secteur privé sera donc déterminante", confie-t-on dans l'entourage d'Anne Hidalgo. La maire de Paris doit mener dans les prochaines semaines des consultations pour tâter le terrain chez les acteurs économiques, et tester leur enthousiasme pour une candidature aux JO. La question sera ensuite soumise en avril au Conseil de Paris, qui devrait donner son feu vert, d'autant que l'opposition y est favorable. "Le groupe UMP soutient les deux candidatures, JO comme Exposition universelle", confirme Catherine Lécuyer, conseillère UMP de Paris.
L'Elysée aura le dernier mot. Pour l'instant, le gouvernement est sur la même ligne que la maire : il soutient tout le monde. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, est d'ailleurs venu apporter jeudi les encouragements de l'exécutif à l'équipe ExpoFrance 2025. Mais le dernier mot reviendra bel et bien à l'Elysée. François Hollande devra trancher dans les prochains mois. Les villes candidates aux JO 2024 ont en effet jusqu'au 15 septembre prochain pour déposer un dossier auprès du Comité international olympique (CIO). Quant au dépôt des candidatures pour l'Exposition universelle de 2025, il s'ouvrira le 1er janvier 2016. Le calendrier s'accélère.
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