Il est l’homme qui a troublé encore un peu plus la campagne d’Eva Joly. Mercredi, Yannick Jadot a annoncé sa démission du poste de porte-parole de la candidate écologiste à la présidentielle. Avec comme point de désaccord l’accord passé avec le Parti socialiste, en particulier sur la question du nucléaire. "J’ai considéré que cet accord était un formidable levier pour la campagne d’Eva Joly", a expliqué jeudi l’eurodéputé sur Europe 1. "Elle a préféré se placer à côté de cet accord", a-t-il ensuite regretté.
"Porte-parole, c'est une fonction compliquée" :
Le désaccord était larvé dès avant la signature de l’accord, alors qu’Eva Joly avait fait preuve d’intransigeance en faisant de la sortie du nucléaire un préalable indispensable à une entente. "Considérer que soit c’était un accord avec le PS avec la sortie du nucléaire à nos conditions, soit c’était rien, c’est nous empêcher de poursuivre le dialogue avec les Français, c’est nous empêcher de continuer à convaincre le PS qu’il faut sortir du nucléaire", a estimé l’ancien directeur des campagnes de Greenpeace. "Et on ne peut pas ignorer que si les Français sont pour sortir du nucléaire, ils ne sont pas convaincus qu’on puisse."
Et si Eva Joly a clairement désapprouvé l’accord avec le PS, Yannick Jadot le juge bon, malgré les critiques et les couacs qui l’ont entouré. "On s’est plantés sur la méthode", a reconnu l’eurodéputé. "Mais il ne faut pas ignorer l’importance du fond. Cet accord n’est pas une plate-forme écolo, il ne faut pas se tromper. Evidemment, on veut beaucoup plus. Mais il nous permet d’être sûr que pendant la campagne, les enjeux liés au nucléaire vont être évoqués. Et pour la première fois, les socialistes et les écologistes ont traité, pas à égalité, ce serait beaucoup dire, mais de manière très responsable, longtemps avant l’échéance."
"Convaincu qu’elle va aller au bout"
Ces divergences de vue constatées, impossible pour Yannick Jadot de rester porte-parole. "Cette différence n’est pas importante quand on est dans une équipe de campagne, mais elle devient un problème quand on est porte-parole", a expliqué l’eurodéputé. "C’est une fonction compliquée, parce que si vous n’êtes pas totalement en adéquation avec la candidate, de fait, vous créez un manque de cohérence et un manque de sérénité pour la candidate. Et ça faisait un petit moment qu’avec la direction de campagne on avait décidé, en accord avec Eva Joly, que je me mettais en retrait du porte-parolat."
Pour autant, les deux écologistes ne sont pas brouillés. "Je reste dans la campagne d’Eva Joly", a juré Yannick Jadot, qui balaye les rumeurs d’un jet de l’éponge de la part de la candidate. "Je suis convaincu qu’elle va aller au bout. Et tout le mouvement sera derrière elle", a-t-il assuré.