"Je ne suis pas Charlie", a lancé samedi Jean-Marie Le Pen. "Aujourd'hui, c'est : nous sommes tous Charlie, je suis Charlie. Et bien moi, je suis désolé, je ne suis pas Charlie. Et autant je me sens touché par la mort de douze compatriotes français dont je ne veux même pas savoir l'identité politique, encore que je la connaisse bien, qu'elle soit celle d'ennemis du FN qui en demandaient la dissolution par pétition il n'y a pas tellement longtemps. Je ne me sens pas du tout l'esprit de Charlie. Je ne vais pas, moi, me battre pour défendre l'esprit de Charlie qui est un esprit anarcho-trotskyste parfaitement dissolvant de la moralité politique", a déclaré sur son blog vidéo le fondateur du parti d'extrême droite.
"Rassemblement orchestré par la presse". "La manière dont tout cela est orchestré me rappelle des manifestations du même type qui furent organisées avec la complicité des médias, y compris des médias de droite, lors par exemple de l'affaire de Carpentras où le Front national fut accusé d'avoir violé une sépulture dans un cimetière juif alors qu'il était parfaitement innocent. Et puis il y a eu 2002, ce fut exactement le même phénomène : rassemblement orchestré par toute la presse", a déclaré M. Le Pen dans son journal de bord vidéo publié sur son site internet. S'agissant de 2002, le fondateur du FN fait référence à la grande manifestation entre les deux tours de la présidentielle. Jean-Marie Le Pen avait accédé au second tour et Jacques Chirac l'avait finalement emporté par plus de 82% des voix.
"Notre mise à l'écart est un hommage". Le Front National n'a pas été convié à la "marche républicaine", dimanche à Paris, à laquelle participeront la quasi-totalité des partis politiques, syndicats, associations, mais aussi de nombreux dirigeants étrangers. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir Jean-Marie Le Pen : "Dans le fond, notre mise à l'écart est un hommage qui nous est rendu et qui, je pense, sera interprété comme tel par nos concitoyens. Ils auront l'occasion s'ils le souhaitent de manifester leur opinion dans les urnes", a estimé le fondateur du FN.
Rejet de l'union nationale. Mercredi, juste après la tuerie à Charlie Hebdo, Jean-Marie Le Pen avait été la seule voix discordante du paysage politique. Le président d'honneur du FN avait pointé du doigt "l'aveuglement et la surdité de nos dirigeants, depuis des années, est en partie responsable" de l'attentat contre le magazine satirique. "Je n'ai pas envie de soutenir l'action gouvernementale impuissante et incohérente face à un problème qui touche, évidemment de très près, à l'immigration massive subie par notre pays depuis quarante ans", avait-il poursuivi.