Jean-Marie Le Pen finit fort

Jean-Marie Le Pen passe le flambeau à sa fille. © REUTERS
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avec AFP , modifié à

Lors de son ultime discours de président du FN samedi, il a tout assumé de son parcours.

Lundi, à l’annonce des résultats officiels du vote de succession au Front national, Jean-Marie Le Pen laissera sa place à sa fille Marine. Pour le parti d’extrême-droite, c’est une page de 39 ans qui se tournera. Alors, pour laisser un souvenir marquant à ses militants, le vieux chef avait concocté un dernier discours qu’ils ne seront pas prêts d’oublier. Pendant plus d’une heure, le leader frontiste a fait son éloge, et est revenu sur son parcours politique. Et a tout assumé, dérapages et scandales inclus.

"Diabolisation, cabale, trahisons"

"Durafour crématoire, détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, inégalité des races… Tous mes propos ont été détournés de leur sens réel afin de me juger en sorcellerie parce que je refusais de me soumettre à la dictature de la police de la pensée", a-t-il lancé sous les ovations d’un public de 2.000 militants forcément conquis. "Le 1er mai 1995 entre les deux tours (de la présidentielle, ndlr) un Marocain est poussé dans la Seine par des skinheads (en marge d'un défilé du FN). Aujourd'hui une plaque commémore cet événement. Nous aimerions qu'il en soit ainsi pour chaque Français assassiné!", a poursuivi le vieux leader

Dans la même veine, Jean-Marie Le Pen a évoqué l'affaire de la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990, la mort en 1995 d'un Comorien tué par un colleur d'affiches du FN, la noyade d'un Maghrébin poussé dans le port du Havre par des néo-nazis la même année... autant de faits pour lesquels le FN a été "plus ou moins directement et ignominieusement désigné comme coupable", selon son fondateur. Déplorant une "diabolisation", une "cabale" contre le FN, il a aussi dénoncé "les quolibets, les injures, les provocations, l'omerta médiatique", et "les trahisons" internes ayant marqué la vie du mouvement.

"Islamistes prosélytes"

Le futur ex-chef du parti frontiste s'est aussi déchaîné contre "la décadence" de la France, de l'enseignement à l'immigration en passant par l'insécurité et la "corruption généralisée". Il a fustigé les "islamistes" qui voudraient "imposer la charia", "occupant des rues en toute impunité" et exigeant que la viande servie dans la restauration collective soit "abattue selon le rituel musulman". Evoquant les propos polémiques tenus par sa fille sur les prières de rue à Paris, il a demandé qu'on appelle "un chat, un chat" et "une occupation, une occupation, celle de nos rues, de nos espaces publics par des islamistes prosélytes".

Montrant un semblant d’émotion, Jean-Marie Le Pen a conclu en évoquant son passé militaire, ses camarades tombés au combat mais aussi les "militants (du FN) blessés ou tués en service d'ordre et d'affichage". Puis, la voix nouée, il a cité son héroïne, Jeanne d'Arc "qui a exprimé cette pensée sublime: chaque fois qu'a coulé le sang français j'ai senti mes cheveux se dresser sur la tête".