Start-up. "De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace". Jean-Noël Guérini n’est pas un révolutionnaire comme a pu l’être Georges Danton mais un aventurier politique qui mène sa barque au fil de l’eau. Pas besoin d’être fin navigateur pour constater le naufrage du PS dans les Bouches-du-Rhône après les résultats catastrophiques du candidat maison Patrick Menucci aux municipales. Le lundi 7 avril, une semaine après la déroute, le président du Conseil général, mis en examen trois fois ces trois dernières années a donc rendu sa carte du parti sans demander son reste. Évitant de peu l'exclusion, il fonde aujourd’hui son nouveau parti, qui devrait voir le jour d’ici trois semaines.
Sortie précipitée. De son propre avis, ce départ est "une des décisions les plus douloureuses" de sa vie.Ce qui n'empêche pas Jean-Noël Guérini de trouver des motifs de satisfaction dans ce départ : "je veux être un homme libre en n'adhérant plus à aucun parti. Je suis socialiste de coeur, je mourrai socialiste. Je suis profondément, viscéralement de gauche, mais ma raison politique n'a plus lieu d'être au parti socialiste". Sauf que cette décision en apparence politique était en fait une nécessité pour le président du conseil général puisqu’Alain Fontanel, secrétaire national aux fédérations PS, explique au Monde.fr que le bureau national de mercredi devait prononcer l’exclusion de ce membre gênant (Jean-Noël Guérini a été mis en examen à trois reprises entre 2011 et 2013 pour trafic d’influence, prise illégale d’intérêts ou encore corruption passive). "Nous avions réuni toutes les conditions pour cette exclusion qui allait être effective au prochain bureau national. Jean-Noël Guérini le savait, je le lui ai dit quand je l'ai eu au téléphone aujourd'hui [lundi], quand il m'a appelé. Il a fait le choix de partir avant l'exclusion, il n'est donc plus membre du PS".
L’amertume de ses camarades. Que le PS local n’ait pas symboliquement exclu l’un de ses anciens barons, voilà qui laisse chez ses anciens camarades un goût amer. Quand l’une des fidèles de Guérini, Lisette Narducci, a fusionné avec la liste de Jean-Claude Gaudin pour le deuxième secteur marseillais, Patrick Menucci avait alors menacé de quitter le PS si Jean-Noël Guérini n’était pas exclu. Marie-Arlette Carlotti avait elle aussi réclamé son départ, mais la procédure d’exclusion a traîné en longueur. Assez pour permettre à l’ancien patron du PS local de s’éviter le déshonneur.
Une haine tenace. L’hostilité est réciproque entre Jean-Noël Guérini et ses anciens camarades puisqu’il surnomme Menucci "l’aboyeur local". Il ne lui a pas pardonné son "aveuglement" qui a "permis de faire élire un maire Front national dans les 13e et 14e arrondissements de Marseille". Le chef de file frontiste Stéphane Ravier a en effet profité du maintien du candidat socialiste pour remporter le secteur le plus peuplé de la ville, s'imposant comme la deuxième force politique au conseil municipal. Au département, Guérini siègera désormais au sein du groupe divers gauche. Sans pour autant demander à ses proches aux militants qui le soutiennent de quitter le PS. Enfin, "pour l’instant" a-t-il précisé. Maire-Arlette Carlotti n’est pas dupe, la " capacité de nuisance" du trublion des Bouches-du- Rhône "reste entière". Finalement, ce départ du parti semble plus déranger ses ténors que le nouvel exclu très impatient de prendre les rênes de son mouvement : "La vie politique, j'adore, c'est ma vie, ma passion, ça va être un régal pour les semaines et les mois à venir".
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