Les attaques de Patrick Besson sur son accent ne l’ont pas laissé de marbre. C’est ce que reconnaît Eva Joly dans une interview à paraître mercredi dans les Inrockuptibles. La candidate d’Europe Ecologie les Verts à la présidentielle de 2012 avoue avoir eu "un moment découragement" face aux attaques dont elle fait l'objet, notamment pour son origine étrangère et son accent.
Une femme politique "stigmatisée"
Eva Joly se dit victime d'un milieu hostile à sa différence. "Le milieu continue de réagir comme il l'a toujours fait, en rejetant la différence, en excluant ceux qui ne sont pas bien nés et en préservant ses intérêts. Dans les faits, en France, tout se passe à l'inverse de la devise de la République. Moi, je suis armée pour supporter ces attaques parce que je m'entraîne depuis des années", commente-elle.
L'ancienne juge d'instruction de l'affaire Elf, d'origine norvégienne, estime être stigmatisée en raison de son profil atypique. "Je ne corresponds pas au modèle de l'homme ou de la femme politique classique. Je n'ai pas les bonnes origines sociales, pas le bon parcours. Je suis étrangère. Pas seulement à cause de mes origines norvégiennes, mais aussi à cause de mon parcours dans la société civile et mes transgressions", dit-elle.
Joly s’en prend aux "vieux mâles éditorialistes"
Eva Joly regrette que, Patrick Besson, l’éditorialiste du Point l’ait "niée en tant que personne". "Face à moi, le club des vieux mâles éditorialistes, en accord avec le milieu politique, se contracte dans un réflexe conservateur. Leurs réactions très violentes sont disproportionnées par rapport au message que je porte", estime la candidate.
En riposte à ces attaques sur son accent, Eva Joly a réalisé un clip, diffusé ce week-end. La vidéo, de trois minutes, a comme fond sonore Douce France de Charles Trénet. La séquence débute par une salve de critiques à son encontre. Puis Eva Joly apparaît, assise à son bureau, face à la caméra, ses fameuses lunettes rouges sur le nez. "Je suis venue en France à 20 ans car ce pays était pour moi un rêve (...) j'y vis maintenant depuis 50 ans". Sa séquence est entrecoupée d'autres témoignages, d'autres accents. Un clip qui répond avec humour à ces attaques qu’elle juge "racistes".