Eva Joly est de retour et cela fait du bruit. Après quinze jours d'éclipse due à un accord tumultueux entre sa formation et le Parti socialiste, la candidate écologiste à l'élection présidentielle met les points sur les i dans une tribune publiée par le journal le Monde. Eva Joly qualifie dans ce texte les socialistes "d'archaïques". A ses yeux, ils peuvent être soupçonnés d'être les "marionnettes" de la filière nucléaire.
Depuis peu, des doutes étaient apparus sur le maintien d’Eva Joly dans la course à l’Elysée. Elle s'était mise en retrait pendant que la polémique se déroulait entre EELV et le PS sur l'accord, finalement conclu après un cafouillage, mais qu'elle n'approuve pas. "(Je suis) plus décidée que jamais à porter le mandat que j'ai reçu lors des primaires de mon parti. Je veux réussir le rendez-vous entre la France et l'écologie", explique-t-elle au Monde.
L’accord avec le PS ne "fait pas rêver" Eva Joly
Sur le texte commun signé par le PS et EELV la semaine dernière, Eva Joly avoue que "cet accord ne (la) fait pas rêver" et critique le volet nucléaire du projet présidentiel du PS, dont le candidat est François Hollande. "La vérité, c'est que les amis de François Hollande se sont révélés archaïques face à la modernité de notre projet. Face à ces blocages, mon travail plus que jamais sera de convaincre les Français", dit-elle.
Eva Joly critique le rôle du géant du nucléaire Areva , qui a admis être intervenu auprès du PS au sujet d'un paragraphe de l'accord sur la reconversion de la filière du retraitement et du combustible, retiré puis maintenu avec des précisions. "J'ai été outrée, scandalisée, de l'intervention d'Areva dans les discussions avec le PS. Faire connaître un point de vue est une chose. S'immiscer dans la vie démocratique pour réécrire un paragraphe d'un accord entre partis en est une autre", dit-elle.
"Je ne suis pas une femme sous influence"
La candidate écologiste va même plus loin. "Il pèse désormais sur les socialistes le soupçon d'être du bois dont on fait les marionnettes, et on ne me fera pas croire que c'est bon pour la politique", ajoute Eva Joly. Elle entend ainsi mener campagne contre eux sur ses propres thèmes. "Je vais parler de sortie du nucléaire et je crois que nous gagnerons cette bataille dans les urnes", dit-elle, ajoutant: "Je ne me tairai pas, car je ne suis pas une femme sous influence".
Reste que ses attaques ne sont pas du goût des socialistes. Jean-Marc Ayrault, s'est ainsi demandé mardi si Eva Joly souhaitait "vraiment la victoire de la gauche en 2012", ajoutant que les socialistes la laissaient faire "toute seule" sa campagne de premier tour. Pierre Moscovici a lui appelé mardi Eva Joly "à respecter" ses partenaires socialistes. "Je ferai observer simplement une chose à Eva Joly, avec laquelle je ne souhaite a aucune forme de polémique : c'est que nous avons passé un accord avec les écologistes et qu'elle semble l'oublier", a-t-il indiqué.