"Je voudrais que le combat féministe, aujourd’hui, devienne autant une affaire de femmes qu’une affaire d’hommes." Ainsi parle Nathalie-Kosciusko-Morizet dans un entretien paru vendredi dans Le Parisien magazine à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Les femmes politiques ont en tout cas déjà intégré les codes de leurs congénères masculins, comme le prouve une bisbille "fémino-féminine".
L’attaque de NKM. Dans cet entretien, l’ancienne ministre de l’Ecologie développe longuement sa conception du féminisme et raconte les difficultés rencontrées par une femme dans les cercles de pouvoir. "J’ai fait deux bébés et j’ai eu droit à deux rétrogradations !", assure-t-elle pour appuyer ses dires avant, un peu plus loin, de s’en prendre à Ségolène Royal dans des propos que les associations féministes apprécieront certainement moyennement. "Il y a quelque chose de très rude dans son parcours. Elle s’est construite politiquement en parallèle à François Hollande et l’issue n’a pas été en sa faveur. Je pense qu’elle méritait mieux que ce lot de consolation incongru (sa nomination à la Banque publique d’investissement, Ndlr). Elle en est à attendre que son ex la nomme quelque part."
La réplique de Royal. La candidate socialiste à la présidentielle de 2007 est une femme de caractère, et elle l’a prouvé à maintes reprises dans sa carrière politique. Sa contre-attaque était donc attendue. Elle est venue, sobre mais limpide, sur son compte Twitter :
Je nesuis pas en attente à la BPI mais au service d'une belle idée.Je n'attends pas une nomination mais le juste respect dela valeur travail— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 7 mars 2013
Les copines à la rescousse. Najat Vallaud-Belkacem, entrée en politique grâce à Ségolène Royal, une femme qu’elle admire, s’est fendue d’un petit mot à destination de l’impudente. "Je pense que quand Nathalie Kosciusko-Morizet sera en mesure de rassembler 17 millions de voix sur son nom à une élection présidentielle, on pourra en reparler", a attaqué la porte-parole du gouvernement, vendredi matin sur RTL, en référence au score réalisée par Ségolène Royal à la présidentielle de 2007. "En attendant je pense qu’on peut facilement lui décerner la palme de la phrase la plus misogyne, la plus idiote, en cette journée du 8 mars", a-t-elle conclu.
Dès jeudi, le Parti socialiste, par la voie d’une femme, bien sûr, avait lui aussi remis en place l’ancienne ministre de l’Ecologie : "résumer le parcours politique de Ségolène Royal à sa relation privée avec François Hollande relève d’une insupportable misogynie : réduire une femme à sa relation avec un homme, dans une interview publiée le jour-même de la journée internationale pour les droits des femmes, est une provocation que nous ne pouvons accepter", tance Adeline Hazan, secrétaire nationale aux droits des femmes et grande copine de Martine Aubry.
Vendredi, une nouvelle réplique est venue d'Anne Hidalgo, adversaire potentielle de... Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris. "C'est indigne ! Ségolène Royal est une femme politique qui compte", a lancé l'adjointe au maire de Paris. "Cette façon récurrente de stigmatiser les autres femmes qui seraient en compétition dans le monde politique me paraît un peu étrange de sa part", a conclu l'élue du XVe arrondissement.
Le rétropédalage de NKM. Peut-être consciente que ses propos pouvaient être mal interprétés, l’ambitieuse a commencé par s’expliquer directement auprès de Ségolène Royal, sur Twitter :
@royalsegolene Au nom de la valeur travail, justement, je trouve que vous méritiez mieux. Mais tant que seuls les hommes décideront ...— N. Kosciusko-Morizet (@nk_m) 7 mars 2013
Puis, vendredi matin, NKM a assuré sur France Info que ses propos sont "le contraire (du machisme, Ndlr). Je trouve que le parcours de Ségolène Royal est très rude. Voilà une femme qui a été candidate à l'élection présidentielle, et aujourd'hui, on ne lui confie pas de responsabilités, on la case dans un organisme bancaire... Je ne souhaite à aucune femme de dépendre de son ex. Je pense que c'est un manque de considération."
Pourtant, Royal aussi est parfois machiste… En début de semaine, la vice-présidente de la Banque publique d’investissement (BPI) s’était rendue sur France Inter pour assurer la promotion de ce nouvel organisme. Mais c’est tout autre chose qui a marqué les esprits. "Les entreprises gérées par les femmes sont souvent mieux gérées (…) peut-être parce qu’elles ont l’habitude de gérer un budget familial, et qu’au bout du compte, il faut toujours qu’il reste quelque chose pour nourrir les enfants." Une sortie jugée machiste par certaines, comme Lydia Guirous, présidente de l’association féministe Future, au Féminin et membre de l’UDI, interrogée par Europe1.fr : "on ne peut plus tenir des propos pareils. Imaginez une seconde qu’un homme ait prononcé cette phrase : on aurait toutes les associations féministes dans la rue. J’attends qu’elles condamnent ces propos avec force car ils sont machistes, caricaturaux et stéréotypés."