Le chef de la diplomatie Alain Juppé juge que l'Europe traverse une "crise existentielle" et estime qu'une explosion de la zone euro "serait celle de l'Union européenne elle-même", dans une interview à l'hebdomadaire L'Express de mercredi. "Elle peut remettre en question tout ce que nous avons construit, non seulement depuis une vingtaine d'années -l'adoption du traité de Maastricht- mais aussi depuis la fondation de la Communauté européenne", dit-il.
Le ministre met en garde contre une explosion de la zone euro qui "serait celle de l'Union européenne elle-même". "Dans cette hypothèse-là, tout devient possible, même le pire. Nous nous sommes flattés pendant des décennies d'avoir éradiqué tout danger de conflit à l'intérieur de notre continent mais ne soyons pas trop sûrs de nous". "La montée du populisme, des nationalismes, des extrémismes en Europe rend la construction de l'Union européenne plus vitale que jamais (...) Cela mérite que nous nous engagions à fond : ce devrait être un des grands débats de la présidentielle", poursuit-il.
"Avec l'euro, nous sommes allés trop loin pour ne pas aller plus loin", estime Alain Juppé qui s'est déjà prononcé fin octobre pour "une forme d'euro-fédération". "L'idée d'un gouvernement économique, encore taboue il y a deux ans, est aujourd'hui, grâce à nous, acceptée dans son principe. Autour de cette zone euro plus intégrée, il faudra un système plus souple. La France et l'Allemagne doivent se mettre d'accord sur cette nouvelle architecture", affirme-t-il. Selon lui, la gouvernance de la zone euro "est défectueuse et pêche essentiellement dans les délais". "Les marchés appellent des réactions dans la minute mais le temps de réaction de la gouvernance européenne, c'est plutôt la semaine ou le mois", estime le ministre.