La traversée du désert d'Alain Juppé est bel et bien terminée. Le ministre des Affaires étrangères est désormais la coqueluche des élus et des militants UMP. Le numéro deux du gouvernement apparaît comme un joker dans la bataille très incertaine que livre Nicolas Sarkozy pour sa réélection. Illustration : c'est lui qui a été envoyé en première ligne jeudi soir pour porter la contradiction à François Hollande, dans Des paroles et des actes.
Belle revanche pour celui qui a encaissé la dissolution ratée de 1997, sa condamnation en justice de 2004 et son exil au Québec puis la perte de son siège de député de Bordeaux en 2007, synonyme de départ du gouvernement. On est désormais bien loin des déclarations hostiles de l'ancien Premier ministre affirmant en 2010 que, s'il n'était "pas anti-Sarkozy", il n'avait "jamais cru à la rupture" chère au chef de l'Etat et se disant prêt à présenter une "offre" alternative pour 2012.
Un Premier ministre-bis
Après son retour au gouvernement, il y a 14 mois, à la Défense puis au Quai d'Orsay, Alain Juppé s'est très vite imposé comme un Premier ministre-bis. Celui que Jacques Chirac qualifiait de "meilleur d'entre nous" a vu sa popularité grimper au point de le hisser dans le peloton de tête des personnalités préférées à droite. Il est aujourd'hui réclamé aux quatre coins de la France par les élus et les fédérations UMP.
Dans son fief du Sud-Ouest, on verrait même le numéro deux du gouvernement se présenter à la place du président sortant. A défaut, un "ticket Sarkozy-Juppé" aurait toute les chances d'être élu, assure Hugues Martin, l'un des adjoints d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux. "C'est un rassembleur. Je suis persuadé que François Bayrou rejoindra le bercail aux côtés d'Alain Juppé", prédit-il.
"Il a fait le deuil de sa candidature en entrant au gouvernement"
Une candidature d'Alain Juppé semble en effet aujourd'hui peu probable. "Il a fait le deuil de sa candidature en entrant au gouvernement. Son engagement est total et loyal, il n'a pas d'arrière pensées", assure Benoist Apparu. Mais, le secrétaire d'Etat au Logement, "Juppé boy" du gouvernement, voit en lui "un véritable atout" pour Nicolas Sarkozy. "Juppé a demandé à son cabinet d'alléger son agenda diplomatique pour être pleinement dans la campagne. Il est très écouté à l'Elysée, où on le juge totalement réglo", dit-on au Quai d'Orsay.
Il n'y a pas qu'à l'Elysée qu'on voit en Alain Juppé un personnage-clé de l'après-2012, a fortiori si Nicolas Sarkozy est battu. Jean-François Copé, conscient qu'il aura un combat au couteau à livrer face à François Fillon pour le contrôle du parti, s'est rapproché du fondateur de l'UMP. Dans leur récent livre UMP, un univers impitoyable (Flammarion), les journalistes Neila Latrous et Jean-Baptiste Marteau évoquent même un "axe Juppé-Copé contre Fillon" pour la présidence du parti.