A l’UMP, il y a les deux qui sont déjà lancés dans la bataille du leadership et celui qui fait mine de ne surtout pas y toucher. Lundi sur Europe 1, Alain Juppé a assuré que non, vraiment, il n’était pas candidat à la présidence de l’UMP. "Ma position est très claire : si François Fillon et Jean-François Copé vont au bout de leurs intentions, c'est-à-dire s'ils sont l'un et l'autre candidats, je ne vais pas ajouter une troisième candidature, au risque d'accentuer encore la cacophonie au sein de l'UMP", a juré l’ancien Premier ministre.
Pourtant tenté au lendemain des législatives de se lancer lui aussi dans la compétition, Alain Juppé confirme ainsi, ce qu’il écrivait, dimanche, sur son blog : "le match qui s'annonce entre François Fillon et Jean-François Copé" n'est pas "de nature à renforcer" l'UMP. Dans ces conditions, "je n’ai pas l’intention d'ajouter de la confusion à la confusion".
Juppé, éternel juge de paix
Alain Juppé ne serait donc pas intéressé ? Sur Europe 1 comme sur son blog, le ministre des Affaires étrangères et créateur de l’UMP se pose pourtant, en creux, comme l'homme de la situation pour tenir le parti jusqu'au prochain congrès de 2015 et favoriser une sélection ouverte pour l'élection présidentielle de 2017.
"J'ai l'avantage de ne pas être dans la course pour 2017, ce qui en rassurera plus d'un. Et d'avoir une certaine expérience de la bonne manière de rassembler les forces de l'UMP", souligne d’abord le maire de Bordeaux dans son billet intitulé "Vive l'UMP".
Dans cette perspective, Alain Juppé propose que le congrès élise à l'automne "non point un champion pour 2017 mais une équipe dirigeante", dont il ferait partie. Le triumvirat - président, vice-président, secrétaire général - prévu par les statuts du parti pourrait ainsi s'entourer d'un comité stratégique d'une dizaine de hautes personnalités dont François Fillon et Jean-François Copé seraient.
La stratégie du troisième homme
Toujours selon cette hypothèse, le futur président de l'UMP s'engagerait à ne pas être candidat à la primaire d'investiture présidentielle, prévue en 2016 et tiendrait les rênes jusqu'au prochain congrès de 2015. En clair, le poste s’avère être taillé pour… lui-même, Alain Juppé.
Au sein de la droite, où l’ancien Premier ministre a gardé de nombreux soutiens, son schéma rencontre un certain écho. "Les Français détestent les batailles d'ego, les militants encore plus", confie ainsi au Figaro un ex-membre du gouvernement qui voit effectivement une "fenêtre de tir s'ouvrir pour un troisième homme qui se placerait au-dessus."
Mais les deux camps, pro-Copé et pro-Fillon, eux, accueillent, eux, la démarche avec réserve, la jugeant ambiguëe malgré les assurances de l'intéressé.
"Choisir Alain Juppé serait une solution d'attente" qui repousserait la question du leadership à 2015, ce qui est "dangereux", estime ainsi Valérie Pécresse, soutien de François Fillon, sur LCI.
Le retour du recours
Copéistes et Fillonistes se souviennent surtout, qu’en septembre 2011, Alain Juppé, lui-même, s’était présenté comme recours au président de la République sortant, au cas où celui-ci ne se présenterait pas à la présidentielle.
"S'il arrivait, pour des raisons qui lui appartiennent, qu'il ne soit pas à nouveau candidat... Je n'exclus pas à ce moment là d'être candidat à la candidature", déclarait-il à l’époque, rêvant d’un destin à l'Elysée.
En 1993, Alain Juppé écrivait "la tentation de Venise". Un tentation qui pourrait bien lui revenir à l'approche de la présidentielle de 2017.