Après des semaines de polémiques, Michèle Alliot-Marie a officiellement tourné la page du Quai d'Orsay mardi matin. Après s'être entretenus avec Alain Juppé, elle a longuement remercié le personnel du ministère des Affaires étrangères : "chacun fait de son mieux pour faire en sorte que l'image de notre pays soit à la hauteur de sa réputation et de son engagement", a-t-elle déclaré avant d'évoquer sa "fierté" d'avoir été aux commandes du Quai d'Orsay. "De cette brève période passée à la tête de ce ministère, je garde le souvenir de rencontres et d'images fortes, parfois dures", a-t-elle poursuivi.
"De ces images, je n'en oublierai aucune, comme je n'oublierai aucune et aucun d'entre vous", a-t-elle encore assuré. S'adressant à Alain Juppé, elle a dit lui souhaiter "d'être pleinement heureux dans ces fonctions". "Je vous souhaite bon vent et bonne mer", a-t-elle conclu.
"Mon estime et mon amitié"
De son côté, Alain Juppé a affiché son soutien à celle à qui il succède. "Je voudrai lui dire mon estime et mon amitié", a-t-il déclaré à l'adresse de MAM, qui a présenté sa démission dimanche dans une lettre à Nicolas Sarkozy. "Je suis assez bien placé pour savoir que la vie politique est parfois brutale et injuste", a-t-il encore argué. "Je vous souhaite à vous aussi, ma chère, bon vent et bonne mer", a poursuivi le maire de Bordeaux.
"Je sais que vous avez souffert parfois sur les propos tenus sur le manque de vision de la diplomatie française", a-t-il dit aux diplomates, suite aux critiques sur l'attitude de la France face aux révoltes dans les pays arabes. "Je sais que la voix de la France est entendue et quand j'entends dire le contraire, je me dis qu'hélas, la polémique politicienne l'emporte parfois sur l'objectivité", a-t-il estimé.
"Nous allons avoir fort à faire"
Sur la tâche qui l'attend, Alain Juppé s'est voulu lucide : "je n'ai aucun doute, ça sera très difficile pour des raisons liées à l'état du monde imprévisible et donc dangereux", a souligné le maire de Bordeaux. Le nouveau ministre a notamment insisté sur la nécessité de refonder l'Union pour la Méditerranée, à la lumière des bouleversements dans le monde arabe. "Il va nous falloir refonder l'Union pour la Méditerranée. C'était une initiative prémonitoire", a-t-il estimé. "Ce qui se passe aujourd'hui au sud de la Méditerranée change complètement la donne. Nous avons besoin d'y réfléchir", a-t-il encore fait valoir. "De ce qui se passe, peut sortir le meilleur, mais aussi le pire", a prévenu le nouveau locataire des lieux, à propos des révolutions arabes, ajoutant : "nous allons avoir fort à faire".